Décret modifiant l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril : DORS/2021-205

La Gazette du Canada, Partie II, volume 155, numéro 18

Enregistrement
DORS/2021-205 Le 12 août 2021

LOI SUR LES ESPÈCES EN PÉRIL

C.P. 2021-881 Le 11 août 2021

Sur recommandation du ministre de l'Environnement et en vertu du paragraphe 27(1) de la Loi sur les espèces en périlréférence 1, Son Excellence la Gouverneure générale en conseil prend le Décret modifiant l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril, ci-après.

Décret modifiant l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril

Modifications

1 La partie 2 de l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en périlréférence 1 est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Amphibiens », de ce qui suit :

Ambystoma unisexué (Ambystoma laterale - (2) jeffersonianum) population dépendante de la salamandre de Jefferson
Ambystoma, Unisexual, Jefferson Salamander dependent population

Ambystoma unisexué (Ambystoma laterale - texanum) population dépendante de la salamandre à petite bouche
Ambystoma, Unisexual, Small-mouthed Salamander dependent population

2 La partie 2 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par suppression, sous l'intertitre « Reptiles », de ce qui suit :

Tortue peinte de l'Ouest (Chrysemys picta bellii) population de la côte du Pacifique
Turtle, Western Painted Pacific Coast population

3 La partie 2 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Reptiles », de ce qui suit :

Tortue mouchetée (Emydoidea blandingii) population des Grands Lacs et du Saint-Laurent
Turtle, Blanding's Great Lakes / St. Lawrence population

4 La partie 2 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Mollusques », de ce qui suit :

Escargot-tigre à bandes de l'Est (Anguispira kochi kochi)
Tigersnail, Eastern Banded

5 La partie 2 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par suppression, sous l'intertitre « Plantes », de ce qui suit :

Chimaphile maculée (Chimaphila maculata)
Wintergreen, Spotted

6 La partie 2 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Lichens », de ce qui suit :

Téloschiste ocellé (Teloschistes chrysophthalmus) population des Grands Lacs
Lichen, Golden-eye, Great Lakes population

7 La partie 3 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par suppression, sous l'intertitre « Reptiles », de ce qui suit  :

Tortue mouchetée (Emydoidea blandingii) population des Grands Lacs et du Saint-Laurent
Turtle, Blanding's Great Lakes / St. Lawrence population

8 La partie 3 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Reptiles », de ce qui suit :

Tortue peinte de l'Ouest (Chrysemys picta bellii) population de la côte du Pacifique
Turtle, Western Painted Pacific Coast population

9 La partie 3 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Arthropodes », de ce qui suit :

Criquet du lac Huron (Trimerotropis huroniana)
Grasshopper, Lake Huron

10 La partie 3 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par suppression, sous l'intertitre « Plantes », de ce qui suit :

Aster d'Anticosti (Symphyotrichum anticostense)
Aster, Anticosti

11 La partie 3 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Plantes », de ce qui suit :

Chimaphile maculée (Chimaphila maculata)
Wintergreen, Spotted

12 La partie 4 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Mammifères », de ce qui suit :

Caribou (Rangifer tarandus) population de Terre-Neuve
Caribou, Newfoundland population

13 La partie 4 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Reptiles », de ce qui suit :

Couleuvre gaufre de Say (Pituophis catenifer sayi)
Bullsnake

14 La partie 4 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par suppression, sous l'intertitre « Arthropodes », de ce qui suit :

Hespérie du Sonora (Polites sonora)
Skipper, Sonora

15 La partie 4 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Arthropodes », de ce qui suit :

Coccinelle à bandes transverses (Coccinella transversoguttata)
Lady Beetle, Transverse

Criquet des Îles-de-la-Madeleine (Melanoplus madeleineae)
Grasshopper, Magdalen Islands

16 La partie 4 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Plantes », de ce qui suit :

Aster d'Anticosti (Symphyotrichum anticostense)
Aster, Anticosti

Scirpe de Long (Scirpus longii)
Bulrush, Long's

17 La partie 4 de l'annexe 1 de la même loi est modifiée par adjonction, selon l'ordre alphabétique, sous l'intertitre « Lichens », de ce qui suit :

Téloschiste ocellé (Teloschistes chrysophthalmus) population boréale et des Prairies
Lichen, Golden-eye, Prairie / Boreal population

Entrée en vigueur

18 Le présent décret entre en vigueur à la date de son enregistrement.

RÉSUMÉ DE L'ÉTUDE D'IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION

(Le présent résumé ne fait pas partie du Décret.)

Enjeux

La biodiversité diminue rapidement dans le monde entier, à mesure que certaines espèces disparaissentréférence 2. On estime que le taux d'extinction est maintenant de 1 000 à 10 000 fois supérieur au taux naturelréférence 3. Le Canada, deuxième pays en superficie au monde et abritant un large éventail d'espèces, n'est pas exempt de cette crise mondiale de la biodiversité. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), entre 1970 et 2014, les mammifères ont diminué en moyenne de 43 %, les oiseaux des prairies ont chuté de 69 % et les populations de poissons ont diminué de 20 % partout au Canadaréférence 4. Avec ce déclin rapide et abrupt de la biodiversité, le Canada subit de nombreux effets négatifs qui sont généralement associés à la perte d'habitat et d'espèces.

Une corrélation positive a été établie entre la biodiversité et la productivité de l'écosystème, sa santé et sa résilienceréférence 5 (c'est-à-dire la capacité de l'écosystème de s'adapter aux changements ou de se défendre contre les perturbations). Vu l'interdépendance des espèces, une perte de biodiversité peut réduire les fonctions et les services écologiques (par exemple les processus naturels comme la défense contre les organismes nuisibles, la pollinisation, la diminution des vagues sur la côte, la régulation de la température et la fixation du carbone). Ces services sont importants pour la santé des Canadiens et ont aussi des liens importants avec l'économie du pays. De petits changements au sein d'un écosystème peuvent mener à la perte d'individus et d'espèces, et entraîner des conséquences néfastes, irréversibles et variées pour les Canadiens.

Contexte

Le Canada est un pays doté d'un environnement naturel riche qui abrite une grande diversité d'espèces végétales et animales. Ce patrimoine naturel fait partie intégrante de l'identité et de l'histoire nationales. Les Canadiens tiennent aux espèces sauvages pour des raisons esthétiques, culturelles, spirituelles, récréatives, éducatives, historiques, alimentaires, médicales, écologiques et scientifiques. Les écosystèmes et les espèces sauvages du pays font également partie du patrimoine mondialréférence 6. Le ministère de l'Environnement (le Ministère) a pour mandat, entre autres, de préserver et d'améliorer la qualité de l'environnement naturel, y compris la flore et la faune. Bien que la responsabilité de la conservation des espèces terrestres sauvages au Canada soit partagée entre tous les ordres de gouvernement, le Ministère joue un rôle de premier plan à titre d'organisme de réglementation fédéral afin d'éviter la disparition d'espèces terrestres de la planèteréférence 7 et du Canadaréférence 8. L'Agence Parcs Canada (APC), en tant qu'autorité compétente, contribue aussi à la protection et à la conservation des espèces dans son réseau de lieux patrimoniaux protégésréférence 9, notamment les parcs nationaux et les zones marines nationales de conservation.

Le principal moyen législatif fédéral pour réaliser ce mandat est la Loi sur les espèces en péril (la LEP ou la Loi). La LEP vise à prévenir la disparition des espèces sauvages; à assurer le rétablissement des espèces inscrites comme disparues du pays, en voie de disparition ou menacées; à gérer les espèces préoccupantes afin d'éviter qu'elles ne deviennent en voie de disparition ou menacées. Au moment de la proclamation de la LEP en 2003, la Liste des espèces sauvages en péril officielle (annexe 1) comportait 233 espèces. Depuis, la liste a été modifiée à plusieurs reprises afin d'y ajouter des espèces ou d'en retirer, ou de reclassifier les espèces. En date de juillet 2021, il y avait 630 espèces répertoriées à l'annexe 1.

À la suite de la proclamation de la LEP en 2003, la Loi a établi le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), un organe consultatif scientifique indépendant, comme organisme responsable de fournir au ministre de l'Environnement (le ministre) des évaluations de la situation des espèces sauvages qui risquent de disparaître du Canada. Les évaluations sont réalisées conformément à l'article 15 de la LEP qui exige, entre autres, que le COSEPAC détermine le statut des espèces étudiées et cerne les menaces existantes et potentielles. Les membres du COSEPAC se réunissent deux fois par an afin d'examiner les renseignements recueillis sur des espèces sauvages et répartissent les espèces en sept catégories : disparue, disparue du pays, en voie de disparition, menacée, préoccupante, données insuffisantes, ou non en périlréférence 10.

Une fois que le COSEPAC a présenté son évaluation d'une espèce en péril au ministre de l'Environnement, le ministre dispose de 90 jours pour publier, dans le Registre public des espèces en péril (le Registre public), une déclaration indiquant comment il compte réagir à l'évaluation et selon quel échéancier. Cette déclaration communique l'étendue des consultations portant sur les modifications à l'annexe 1 de la LEP.

Après les consultations et l'analyse qui en découle, un décret publié dans la Partie II de la Gazette du Canada confirme officiellement la réception de l'évaluation du COSEPAC. Ceci déclenche un processus réglementaire par lequel, sur recommandation du ministre, la gouverneure en conseilréférence 11 peut, dans un délai de neuf mois suivant la réception de l'évaluation et sur recommandation du ministre, prendre l'une des mesures suivantes :

Si la décision n'est pas prise dans un délai de neuf mois après la réception officielle de l'évaluation du COSEPAC, la LEP stipule que le ministre doit modifier l'annexe 1 en conformité avec cette évaluation.

En plus de recommander de nouveaux ajouts à l'annexe 1, le COSEPAC peut examiner le statut d'une espèce sauvage précédemment évaluée et recommander une nouvelle classification pour cette espèce. La reclassification est importante pour garantir que la désignation est conforme aux données scientifiques les plus récentes, ce qui permet une meilleure prise de décision quant à l'établissement des priorités en matière de conservation des espèces. Les espèces sont classées à un niveau supérieur lorsque leur situation s'est détériorée depuis la dernière évaluation. Lorsque leur situation s'améliore, on peut les faire passer à une catégorie moins élevée ou les retirer de la Liste des espèces en péril, de sorte que les espèces soient protégées selon l'esprit de la LEP tout en minimisant les répercussions sur les intervenants et les ressources.

Interdictions en application de la LEP

Dès leur inscription, les espèces sauvages bénéficient de différents niveaux de protection, qui varient selon leur désignation, en application des articles 32 et 33 de la LEP. Le tableau 1 ci-dessous résume les différentes protections accordées.

Tableau 1 : Résumé des protections offertes aux espèces sauvages et à leur résidence dès leur inscription à l'annexe 1 de la LEP
Désignation de l'espèce Application des interdictions générales par type d'espèces et leur emplacement Interdictions générales
Espèces protégées en vertu de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs Espèces aquatiques Toutes les autres espèces inscrites Protection des individus (article 32 de la LEP) Protection de la résidence (article 33 de la LEP)
Préoccupante Les interdictions générales de la LEP ne s'appliquent pas. Les interdictions générales de la LEP ne s'appliquent pas. Les interdictions générales de la LEP ne s'appliquent pas. Les interdictions générales de la LEP ne s'appliquent pas. La protection de la résidence de la LEP ne s'applique pas.
Menacée, en voie de disparition et disparue du pays Les interdictions générales s'appliquent partout au Canada pour les oiseaux migrateurs. Les interdictions générales s'appliquent partout au Canada pour les espèces aquatiques.

Dans les provinces, les interdictions générales ne s'appliquent que sur le territoire domanial note a du tableau a1 .

Dans les territoires, les interdictions générales ne s'appliquent que sur le territoire domanial fédéral qui relève du ministre de l'Environnement ou du ministre responsable de l'APC.

Protection des individus de l'espèce contre l'abattage, les blessures, le harcèlement, la capture ou la prise.

Interdiction de posséder, de collectionner, d'acheter et de vendre ou d'échanger un individu d'une espèce ou toute partie ou produit qui en provient.

La destruction ou le fait de causer des dommages à la résidence d'un ou de plusieurs individus de l'espèce constitue une infraction.

Pour les espèces disparues du pays, la protection de la résidence ne s'applique que si un programme de rétablissement recommande la réinsertion à l'état sauvage au Canada.

Note(s) du tableau a1

Note a du tableau a1

L'article 2 de la LEP définit un territoire domanial comme « a) [l]es terres qui appartiennent à Sa Majesté du chef du Canada ou qu'elle a le pouvoir d'aliéner, ainsi que leurs eaux et leur espace aérien; b) les eaux intérieures et la mer territoriale du Canada; c) les réserves ou autres terres qui ont été mises de côté à l'usage et au profit d'une bande en application de la Loi sur les Indiens, ainsi que leurs eaux et leur espace aérien ».

Retour à la note a du tableau a1

À l'extérieur du territoire domanial, les espèces inscrites qui ne sont pas des espèces aquatiques ou des oiseaux migrateurs protégés par la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs (LCOM) ne peuvent être protégées par la LEP que par un décret en conseilréférence 12. Le ministre doit recommander la prise d'un tel décret s'il estime que les lois de la province ou du territoire ne protègent pas efficacement l'espèce ou la résidence de ses individus.

Planification du rétablissement

L'inscription d'une espèce sous une désignation d'espèce menacée, en voie de disparition ou disparue du pays entraîne, pour le ministre compétentréférence 13, l'obligation d'établir un programme de rétablissement visant à prendre des mesures quant aux menaces à la survie ou au rétablissement des espèces inscrites. Dans le cas des espèces préoccupantes, un plan de gestion doit être élaboré dans les trois ans suivant l'inscription.

La LEP énonce qu'un projet de programme de rétablissement doit être publié dans le Registre public des espèces en péril :

Lors de la préparation du programme de rétablissement, le ministre compétent doit déterminer si le rétablissement de l'espèce est réalisable au point de vue technique et biologique. Si celui-ci n'est pas réalisable, le programme de rétablissement doit comporter une description de l'espèce et de ses besoins, dans la mesure du possible, et la désignation de son habitat essentiel, ainsi que les motifs de la conclusion.

Les programmes de rétablissement des espèces pour lesquelles il a été déterminé que le rétablissement est réalisable comprennent ce qui suit :

Les programmes de rétablissement sont élaborés en collaboration avec les intervenants suivants :

Les programmes de rétablissement sont aussi élaborés en consultation avec les propriétaires fonciers (y compris les provinces et les territoires) et autres personnes que le ministre compétent croit directement touchées par les programmes.

Le ministre compétent est également tenu d'élaborer un ou plusieurs plans d'action fondés sur le programme de rétablissement. Les plans sont établis en consultation avec les organisations et les personnes précitées. Les échéanciers d'établissement ou de mise en œuvre ne sont pas prévus dans la LEP, mais plutôt établis dans le programme de rétablissement. Les plans d'action comprennent :

Protection de l'habitat essentiel

Les exigences de la LEP pour protéger l'habitat essentiel diffèrent selon qu'il s'agisse d'espèces aquatiques, d'espèces d'oiseaux migrateurs protégés par la LCOM ou d'autres espèces, et selon que ces espèces soient présentes sur le territoire domanial, dans la zone économique exclusive, sur le plateau continental du Canada ou ailleurs au Canada.

Lorsque l'habitat essentiel d'une espèce ou une partie de celui-ci se trouve sur le territoire domanial, dans la zone économique exclusive du Canada ou sur le plateau continental du Canada, la LEP exige que celui-ci fasse l'objet de mesures de protection légales dans un délai de 180 jours suivant sa désignation dans un programme de rétablissement ou un plan d'action. La protection peut être assurée par des dispositions de la LEP ou de toute autre loi fédérale, ou une mesure prise sous leur régime, y compris les accords de conservation aux termes de l'article 11 de la Loi.

Si l'habitat essentiel se trouve dans un refuge d'oiseaux migrateurs en vertu de la LCOM, dans un parc national comprit à l'annexe 1 de la Loi sur les parcs nationaux du Canada (LPNC), dans le parc urbain national de la Rouge établi en vertu de la Loi sur le parc urbain national de la Rouge, dans une zone marine protégée désignée sous la Loi sur les océans, ou dans une réserve nationale de faune en vertu de la Loi sur les espèces sauvages du Canada, le ministre compétent est tenu de publier une description de cet habitat essentiel dans la Gazette du Canada dans les 90 jours qui suivent la publication de la version définitive du programme de rétablissement ou du plan d'action désignant l'habitat essentiel. Quatre-vingt-dix jours après la publication de la désignation de l'habitat essentiel dans la Gazette du Canada, la protection de l'habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) de la LEP (c'est-à-dire les interdictions relatives à la destruction de l'habitat essentiel) entre en vigueur automatiquement, et l'habitat essentiel se trouvant sur le territoire d'une aire protégée fédérale est protégé légalement par la LEP.

Dans les cas où l'habitat essentiel se trouve sur le territoire domanial, mais pas dans les zones de protection fédérales décrites dans le paragraphe précédent, dans les 180 jours suivant la mise dans le Registre public de la version définitive du programme de rétablissement ou du plan d'action désignant l'habitat essentiel, le ministre compétent est tenu, en vertu du paragraphe 58(4) de la LEP, de prendre un arrêté interdisant la destruction de l'habitat essentiel. Si un arrêté ministériel n'est pas pris dans les 180 jours, le ministre compétent doit publier, dans le Registre public, un énoncé expliquant la manière dont l'habitat essentiel (ou une partie de celui-ci) est protégé sous une autre loi fédérale, y compris sous les accords de conservation aux termes de l'article 11 de la LEP.

Lorsqu'il s'agit de l'habitat essentiel d'une espèce d'oiseaux migrateurs protégée par la LCOM situé ailleurs que sur le territoire domanial, de la zone économique exclusive ou du plateau continental du Canada ou d'un refuge d'oiseaux migrateurs en vertu de la LCOM, l'habitat essentiel n'est protégé que lorsqu'un décret en conseil est pris à cet effet, à la suite de la recommandation du ministre compétent.

La LEP considère la protection des parties de l'habitat essentiel par les autres ordres de gouvernement (provinces ou territoires) pour les espèces autres que les espèces aquatiques ou les espèces d'oiseau migrateur protégées par la LCOM, situées ailleurs que sur le territoire domanial. Dans l'éventualité où l'habitat essentiel ne serait pas protégé à l'intérieur de ces aires, la gouverneure en conseil peut, par décret, appliquer l'interdiction de détruire l'habitat essentiel prévue par la LEP. Dans les cas où le ministre de l'Environnement estime que l'habitat essentiel ailleurs que sur le territoire domanial n'est pas protégé efficacement par les lois provinciales ou territoriales, une autre mesure prise en vertu de la LEP (y compris les accords prévus à l'article 11) ou par l'entremise d'une autre loi fédérale, le ministre est tenu de recommander à la gouverneure en conseil la prise d'un décret pour mettre en application les interdictions de détruire l'habitat essentiel à l'extérieur du territoire domanial. Avant de faire sa recommandation, le ministre doit consulter les ministres provinciaux ou territoriaux appropriés. Dans tous les cas, la gouverneure en conseil prend la décision définitive pour déterminer s'il faut aller de l'avant avec le décret pour la protection de l'habitat essentiel en questionréférence 14.

Permis en vertu de la LEP

Une personne qui prévoit d'exercer une activité qui est interdite par la LEP, touchant une espèce sauvage inscrite, toute partie de son habitat essentiel ou la résidence de ses individus, peut présenter une demande de permis au ministre compétent, conformément à l'article 73 de la Loi. Un permis peut être délivré si le ministre est d'avis que l'activité répond à un des trois objectifs suivants :

De plus, le permis ne peut être délivré que si le ministre compétent estime que les conditions préalables suivantes sont respectées :

En vertu de l'article 74 de la LEP, un ministre compétent peut délivrer un permis conformément à une autre loi fédérale (par exemple la Loi sur les parcs nationaux du Canada ou la LCOM) pour exercer une activité touchant une espèce sauvage inscrite, toute partie de son habitat essentiel ou la résidence de ses individus, qui aura le même effet que ceux délivrés en vertu du paragraphe 73(1) de la LEP, si certaines conditions sont respectées, et ce, afin de réduire la nécessité d'obtenir de multiples autorisations.

Pour les oiseaux migrateurs protégés par la LCOM et la LEP, un permis LCOM conforme à la LEP peut être délivré pour autoriser une activité touchant un oiseau migrateur inscrit, au lieu de deux permis distincts. Pour qu'un seul permis soit délivré, toutes les conditions énoncées aux paragraphes 73(2) à 73(6.1) de la LEP doivent être respectées. L'option de permis pour l'activité particulière doit également être disponible dans le cadre de la LCOM.

Des permis en vertu de la LEP peuvent être délivrés si une activité touche la résidence d'un oiseau migrateur pour autant que celle-ci ne soit pas un nid ou un abri de nidification protégé en vertu de la LCOM. Des permis peuvent également être délivrés en vertu de la LEP pour des activités touchant l'habitat essentiel protégé d'un oiseau migrateur inscrit parce que l'habitat essentiel n'est pas protégé en vertu de la LCOM.

Gestion des espèces préoccupantes

L'ajout d'une espèce préoccupante à l'annexe 1 de la LEP fournit une indication que l'espèce nécessite une attention particulière. Suivant l'inscription, la préparation d'un plan de gestion pourrait permettre à l'espèce d'être gérée de manière proactive et de maximiser la probabilité de succès du rétablissement, et devrait permettre d'éviter la mise en place future de mesures plus coûteuses. La LEP n'exige pas que l'habitat essentiel soit désigné pour les espèces préoccupantes.

Le plan comprend les mesures de conservation jugées appropriées pour préserver l'espèce et éviter le déclin de sa population. Il est élaboré en collaboration avec les gouvernements provinciaux ou territoriaux compétents, d'autres ministères fédéraux, des conseils de gestion des ressources fauniques, des partenaires et organisations autochtones et tout autre intervenant concerné. Le plan de gestion doit être publié dans un délai de trois ans suivant l'inscription de l'espèce.

Nouvelles unités désignables

En vertu de la Loi sur les espèces en péril, une espèce sauvage se définit comme étant une espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d'animaux, de végétaux ou d'autres organismes d'origine sauvage. Cette définition reconnaît que la conservation de la diversité biologique passe par la protection des entités taxonomiques d'un rang inférieur de l'espèce (c'est-à-dire les unités désignables), et donne au COSEPAC le mandat de les évaluer lorsqu'il est justifié de le faire. Dans les évaluations du COSEPAC, ces unités désignables nouvellement définies et leur classification proposée (par exemple espèce en voie de disparition, espèce menacée, espèce préoccupante) sont présentées de la même façon que pour les autres espèces. Dans certains cas, selon les données scientifiques, les espèces sauvages ayant déjà été évaluées pourraient être évaluées à nouveau et le COSEPAC pourrait déterminer que ces espèces sauvages contiennent moins d'unités désignables, plus d'unités désignables ou des unités désignables différentes. Le COSEPAC publiera les évaluations et les classifications pour toute unité désignable qui pourrait correspondre ou non à celle de l'espèce sauvage définie auparavant.

Si après avoir évalué une nouvelle unité désignable, le COSEPAC lui attribue le même statut que l'espèce sauvage définie au départ, l'annexe 1 de la LEP pourrait aussi être modifiée pour refléter cette unité désignable plus récente, conformément aux meilleures données scientifiques disponibles. Lorsque les classifications sont à un niveau de classification différent de celui des espèces sauvages initialement inscrites, l'annexe 1 peut également être modifiée pour refléter cette unité désignable et ce niveau de classification plus actuels.

Objectif

L'objectif du projet de Décret modifiant l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (le Décret) est d'aider à maintenir la biodiversité du Canada et à appuyer le bien-être de ses écosystèmes en évitant la disparition d'espèces sauvages du pays ou de la planète en contribuant à leur rétablissement, et de suivre les recommandations du COSEPAC.

Description

Le COSEPAC a évalué la désignation de 17 espèces sauvages au Canada. Au titre de la section 27 de la Loi sur les espèces en péril (LEP ou la Loi), ce décret modifie la Liste des espèces en péril (l'annexe 1) de la Loi sur les espèces en péril en ajoutant 11 espèces, en en reclassant 4 autres et en radiant une autre de la Liste (tableau 2). En réponse à des commentaires reçus pendant la période suivant la prépublication, un décret de renvoi au COSEPAC sera également pris afin de renvoyer l'évaluation de la situation de l'entosthodon rouilleux au COSEPAC pour renseignements supplémentaires ou pour réexamen.

Ces 17 espèces sauvages se trouvent partout au Canada, la majorité vivant en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique. Ces espèces ont été regroupées, car les mesures envisagées aux termes du décret devraient entraîner un faible impact pour les peuples autochtones et les intervenants.

Des 16 espèces incluses dans le décret d'inscription à la LEP :

Une description de chaque espèce, de son aire de répartition et des menaces qui pèsent sur elle est présentée à l'annexe. D'autres renseignements sur ces espèces se trouvent dans les rapports de situation du COSEPACréférence 17.

Tableau 2 : Ajouts (11), reclassements (4), et radiation (1) de 16 espèces sauvages à l'annexe 1 de la LEP dans le Décret modifiant l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril
Taxon Espèce Nom scientifique Aire de répartition

A) Ajouts d'espèces à l'annexe 1 (11)

Espèces en voie de disparition (4)

Mollusques Escargot-tigre à bandes de l'Est Anguispira kochi kochi Ontario
Lichens Téloschiste ocellé (population des Grands Lacs) Teloschistes chrysophthalmus Ontario
Amphibiens Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche) Ambystoma laterale - texanum Ontario
Amphibiens Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) Ambystoma laterale - (2) jeffersonianum Ontario
Espèce menacée (1)
Arthropodes Criquet du lac Huron Trimerotropis huroniana Ontario
Espèces préoccupantes (6)
Reptiles Couleuvre gaufre de Say Pituophis catenifer sayi Alberta, Saskatchewan
Mammifères Caribou (population de Terre-Neuve) Rangifer tarandus Terre-Neuve
Lichens Téloschiste ocellé (population boréale et des prairies) Teloschistes chrysophthalmus Ontario, Manitoba
Plantes vasculaires Scirpe de Long Scirpus longii Nouvelle-Écosse
Arthropodes Criquet des îles de la Madeleine Melanoplus madeleineae Québec
Arthropodes Coccinelle à bandes transverses Coccinella transversoguttata Toutes les provinces et tous les territoires

B) Reclassements d'espèces à l'annexe 1 (4)

Reclassements d'espèces dans une catégorie de risque plus élevée (1)

D'espèce menacée à espèce en voie de disparition (1)

Reptiles Tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) Emydoidea blandingii Ontario, Québec

Reclassements d'espèces dans une catégorie de risque moins élevée (4)

D'espèces en voie de disparition à espèces menacées (2)

Plantes vasculaires Chimaphile maculée Chimaphila maculata Ontario, Québec
Reptiles Tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique) Chrysemys picta bellii Colombie-Britannique
D'espèce menacée à espèce préoccupante (1)
Plantes vasculaires Aster d'Anticosti Symphyotrichum anticostense Québec, Nouveau-Brunswick

C) Radiation d'une espèce de l'annexe 1 (1)

D'espèce préoccupante à espèce non en péril (1)

Arthropodes Hespérie du Sonora Polites sonora Colombie-Britannique

Élaboration de la réglementation

Consultation

En vertu de la LEP, l'évaluation scientifique indépendante de la situation des espèces sauvages effectuée par le COSEPAC et la décision de la gouverneure en conseil d'accorder une protection juridique en plaçant les espèces sauvages à l'annexe 1 de la Loi sont deux processus distincts. Cette séparation garantit que les comités scientifiques peuvent travailler de façon indépendante lorsqu'ils évaluent la situation des espèces sauvages et que les Canadiens et Canadiennes ont l'occasion de participer au processus décisionnel visant à déterminer si oui ou non les espèces sauvages seront inscrites en vertu de la LEP pour recevoir des protections juridiques.

Le gouvernement du Canada reconnaît que la conservation des espèces sauvages constitue une responsabilité conjointe et que la meilleure façon d'assurer la survie des espèces en péril et le maintien de leur habitat est par la participation active de tous les intéressés. Le préambule de la LEP précise que tous les Canadiens ont un rôle à jouer afin d'éviter que les espèces sauvages disparaissent du pays. Entre autres, les Canadiens peuvent participer en communiquant leurs commentaires concernant l'ajout des espèces à l'annexe 1 de la LEP, leur reclassement ou leur radiation. Les commentaires reçus de ceux qui seront le plus touchés par les changements proposés font l'objet d'une attention particulière. Tous les commentaires reçus servent à établir les recommandations d'inscription présentées par le ministre à la gouverneure en conseil.

Le Ministère entame les consultations publiques initiales avec la diffusion des énoncés de réaction du ministre dans le Registre public des espèces en péril dans un délai de 90 jours suivant la réception d'une copie de l'évaluation de la situation d'une espèce sauvage produite par le COSEPAC. Les peuples autochtones, les intervenants, les organisations et le grand public sont également consultés par voie de documents diffusés publiquement intitulés Consultation sur la modification de la liste des espèces de la Loi sur les espèces en péril : espèces terrestres. Ces documents ont été publiés en janvier 2016 (PDF), en janvier 2017 (PDF) et en janvier 2018 (PDF) pour les espèces incluses dans le projet de décret.

Les documents de consultation fournissent de l'information sur les espèces, dont leur localisation, une description biologique et les raisons justifiant leur désignation. Ils fournissent aussi une vue d'ensemble du processus d'inscription de la LEP. Ces documents ont été distribués à plus de 2 600 individus et organisations, notamment les peuples et organisations autochtones, les gouvernements provinciaux et territoriaux, plusieurs secteurs industriels, les utilisateurs de ressources, les propriétaires fonciers privés et les organisations non gouvernementales de l'environnement ayant un intérêt pour des espèces en particulier.

Résumé des résultats des consultations initiales

Les consultations initiales avec les intervenants intéressés et le grand public ont commencé en janvier 2016 pour le caribou (population de Terre-Neuve), en janvier 2017 pour le criquet du lac Huron, l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) et l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche), et en janvier 2018 pour l'aster d'Anticosti, la tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent), la couleuvre gaufre de Say, l'escargot-tigre à bandes de l'Est, le téloschiste ocellé (population des Grands Lacs), le téloschiste ocellé (population boréale et des Prairies), le scirpe de Long, le criquet des Îles-de-la-Madeleine, l'entosthodon rouilleux, l'hespérie du Sonora, la chimaphile maculée, la coccinelle à bandes transverses et la tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique).

Le ministère de l'Environnement a reçu 56 commentaires concernant les espèces visées par le décret proposé. Des commentaires ont été reçus de provinces, de territoires, d'organisations non gouvernementales de l'environnement, de Premières Nations, d'organisations autochtones, de conseils de gestion faunique, d'organisations industrielles et de particuliers. La grande majorité des commentaires étaient favorables ou ne s'opposaient pas aux modifications de l'annexe 1 de la LEP, et aucun commentaire défavorable aux recommandations d'inscription n'a été reçu. Plus précisément, 24 commentaires étaient favorables aux modifications, 19 ne s'y opposaient pas et 13 n'étaient que des accusés de réception.

Deux organisations non gouvernementales de l'environnement et un particulier ont présenté trois commentaires concernant le caribou (population de Terre-Neuve) dans le cadre de la période de consultation de 2016. Une des organisations non gouvernementales de l'environnement a appuyé l'inscription de cette population à la liste des espèces préoccupantes en invoquant l'application du principe de précaution. L'autre organisation non gouvernementale de l'environnement ne s'est pas opposée à l'inscription et s'est dite de plus en plus préoccupée quant à la viabilité à long terme du caribou des bois sur l'île de Terre-Neuve. Le particulier ne s'est pas opposé à l'inscription et a également invoqué le principe de précaution, en faisant valoir que les menaces constantes qui pèsent sur le caribou de Terre-Neuve et son habitat justifient le classement de l'espèce dans une catégorie de risque plus élevée. L'approche de précaution a été utile pour désigner le caribou (population de Terre-Neuve) comme espèce préoccupante puisque les estimations de sa population sont relativement élevées. Le Ministère s'est engagé à collaborer avec les provinces pour s'assurer que des mesures appropriées sont élaborées dans le plan de gestion de l'espèce afin de soutenir son rétablissement.

Durant la période de consultation de 2017, une province et une Première Nation ont présenté quatre commentaires sur le criquet du lac Huron, l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) et l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche). La province a indiqué qu'elle soutenait l'inscription de ces trois espèces, tandis que la Première Nation a indiqué qu'elle manquait de ressources pour répondre. Durant la période de consultation de 2018, 49 commentaires ont été reçus concernant l'aster d'Anticosti, la tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent), la couleuvre gaufre de Say, l'escargot-tigre à bandes de l'Est, le téloschiste ocellé (population des Grands Lacs), le téloschiste ocellé (population boréale et des Prairies), le criquet des Îles-de-la-Madeleine, l'entosthodon rouilleux, la chimaphile maculée, la coccinelle à bandes transverses et la tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique). Ces commentaires ont été faits par des provinces, des sociétés d'État, des peuples autochtones, des conseils de gestion faunique et des organisations non gouvernementales de l'environnement. Vingt des commentaires reçus étaient favorables à l'inscription, 18 n'y étaient pas défavorables et aucun ne s'y opposait. Aucun commentaire n'a été reçu concernant le scirpe de Long ou l'hespérie du Sonora.

Période de commentaires du public après la publication dans la Partie I de la Gazette du Canada

Le décret d'inscription à la LEP et le résumé de l'étude d'impact de la réglementation (REIR) qui l'accompagne ont été publiés dans la Partie I de la Gazette du Canada le 20 février 2021 pour une période de commentaires du public de 30 jours. Des liens vers ces documents ont également été publiés sur le registre public et un avis de la période de commentaires a été envoyé aux peuples autochtones et aux intervenants.

Le ministère de l'Environnement a reçu un total de 14 commentaires au cours de cette période notamment de cinq Premières Nations, d'un ministère fédéral (ministère de la Défense nationale), d'une société d'État fédérale (la Commission de la capitale nationale), de trois organisations non gouvernementales environnementales (ONGE), de trois universitaires et d'un individu. Tous les commentaires sauf un ont indiqué un soutien aux changements proposés ou ne s'y opposaient pas.

En ce qui concerne le criquet des Îles-de-la-Madeleine, une ONGE a indiqué qu'elle appuyait de manière générale l'ajout de l'espèce à la Liste, tout en fournissant des informations détaillées sur l'évaluation du COSEPAC. L'organisation estime que des recherches supplémentaires devraient être effectuées afin de combler ces lacunes dans les connaissances qu'elles ont identifiées et d'avoir une meilleure compréhension du statut général de l'espèce. Les informations fournies par l'ONGE seront partagées avec l'équipe qui travaillera à l'élaboration du plan de gestion pour cette espèce; l'équipe devrait être en contact avec l'ONGE pendant la préparation du plan de gestion.

Une Première Nation a indiqué qu'elle appuyait de manière générale l'inscription du caribou (population de Terre-Neuve). Cependant, ils ont exprimé des inquiétudes quant à la réduction inévitable des niveaux de récolte et recommandent que la récolte limitée de caribou des bois soit réservée aux peuples autochtones. Le Ministère prendra en compte ces préoccupations dans l'élaboration du plan de gestion qui est préparé en collaboration avec les communautés touchées par ce plan et qui pourrait inclure la gestion des récoltes.

En ce qui concerne la tortue mouchetée, une autre Première Nation a indiqué qu'elle appuyait de manière générale l'inscription de l'espèce sur la liste. La même Première Nation a également souligné le rôle clé que joue cette espèce dans la culture autochtone, car elle fait partie du mythe de la création. De plus, ils ont mentionné qu'ils ont l'expertise pour travailler sur des projets de recherche en cours sur la tortue et espèrent que tous les efforts pour aider et les projets de recherche sur la tortue seront réalisés en collaboration avec la Première Nation.

Le commentaire opposé est venu d'un spécialiste de l'espèce, qui a soulevé un certain nombre de préoccupations au sujet de la reclassification proposée de l'entosthodon rouilleux de la catégorie des espèces en voie de disparition à la catégorie des espèces préoccupantes. Le spécialiste a partagé des rapports de recherche comprenant des relevés datant de 2018 à 2020 et qui décrivent des changements importants depuis le rapport de situation du COSEPAC de 2017. Ceux-ci comprennent un déclin important de la population à deux endroits où la présence connue de l'espèce est la plus grande au Canada (de 93 % à 96 % près de Riske Creek [Colombie-Britannique] et de 100 % à White Lake [Colombie-Britannique]). Selon le spécialiste, ces changements sont principalement attribuables à un incendie de paysage en 2017, qui a traversé trois des sites connus à Riske Creek, et à la prolifération d'une herbe exotique envahissante dans un certain nombre d'habitats à White Lake. De plus, bien que l'espèce ait été répertoriée comme présente sur de nombreux sites en Colombie-Britannique en 2017, celle-ci n'a pas été observée lors des relevés 2018-2020 et pourrait être, selon le spécialiste, disparue de ces sites.

Sur la base de ces informations, le ministre est d'avis qu'une analyse plus approfondie de ces nouvelles preuves et de toutes les informations disponibles devrait être entreprise pour déterminer si l'évaluation globale et la reclassification de la mousse de corde rouillée de la catégorie des espèces en voie de disparition à la catégorie des espèces préoccupantes est appropriée. À ce titre, l'espèce a été retirée du décret d'inscription et est maintenant renvoyée au COSEPAC pour un examen plus approfondi.

En général, le ministère de l'Environnement s'est engagé à mettre en place un processus de collaboration tout au long des processus d'évaluation, d'inscription et de planification du rétablissement. Les résultats des consultations publiques sont d'une grande importance pour le processus d'inscription des espèces en péril. Le ministère de l'Environnement examine attentivement les commentaires qu'il reçoit pour mieux comprendre les bénéfices et les coûts des modifications à la Liste.

Les résultats détaillés des consultations initiales et de la période de commentaire de la Partie I de la Gazette du Canada pour les 16 espèces sont fournis à l'annexe 1.

Obligations relatives aux traités modernes et consultation et mobilisation des Autochtones

Conformément à la Directive du Cabinet sur la réglementation, une évaluation des répercussions des traités modernes a été effectuée sur la proposition réglementaire.

Le Décret modifiant l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril porte sur l'ajout, la radiation ou le reclassement de 16 espèces, dont les deux suivantes sont présentes sur le territoire domanial, dans des zones visées par des traités modernes :

Après une analyse minutieuse des dispositions pertinentes des traités modernes, il a été déterminé que la reclassification de la tortue peinte de l'ouest (population de la côte du Pacifique) d'en voie de disparition à menacée devrait avoir des impacts minimes sur les droits issus de traités. Les interdictions générales en vertu de la LEP (articles 32 et 33) ne s'appliquent pas aux terres qui ont fait l'objet d'un règlement en vertu d'un traité moderne, car elles ne sont pas considérées comme des terres fédérales selon la définition de la LEP. De plus, étant donné qu'il n'y aura aucun changement dans l'application des interdictions générales de la LEP sur les terres fédérales associées à la reclassification de la tortue peinte de l'ouest (population de la côte du Pacifique) d'en voie de disparition à menacée, aucun impact supplémentaire n'est prévu dans les autres zones couvertes par ces traités. De plus, étant donné qu'aucune interdiction de la LEP ne s'appliquera à la suite de l'inscription de la Coccinelle à bandes transverses à l'annexe 1 en tant qu'espèce préoccupante, il n'y aura aucun impact supplémentaire sur les peuples autochtones et aucun impact sur les droits issus de traités modernes.

L'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 reconnaît et affirme les droits ancestraux et issus de traités des peuples autochtones du Canada, y compris les droits liés à leurs activités, pratiques et traditions qui font partie intégrante de leur culture distinctive. Le gouvernement du Canada a l'obligation de consulter et, s'il y a lieu, d'accommoder les groupes autochtones lorsqu'il envisage des mesures susceptibles d'avoir un effet préjudiciable sur des droits ancestraux ou issus de traités, établis ou potentiels.

Six espèces visées par le décret sont présentes sur des terres de Premières Nations, et aucun coût n'est prévu pour les peuples autochtones pour les raisons suivantes :

Des 49 commentaires reçus durant la période de consultation de 2018, 31 d'entre eux provenaient de peuples autochtones, soit des Premières Nations (conseils, confédérations ou bandes), des organisations ou gouvernements autochtones ou des conseils de gestion faunique. Onze de ces commentaires étaient favorables aux inscriptions, 10 n'y étaient pas défavorables et aucun ne s'y opposait. Trois Premières Nations ont demandé plus d'information sur le processus d'inscription ou sur une espèce en particulier faisant partie du présent décret d'inscription. Une Première Nation et un conseil de gestion faunique ont demandé à être davantage consultés dans les futurs processus d'inscription proposés. Des Premières Nations ont présenté cinq commentaires indiquant qu'elles ne disposaient pas du financement nécessaire pour participer aux consultations concernant cette inscription d'espèces ou qu'elles demandaient ce financement.

Le Canada s'est engagé à établir une relation renouvelée, de nation à nation, avec les peuples autochtones, fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat. Conformément à cet engagement, le Ministère prend des mesures pour mener des consultations sérieuses avec les peuples et organisations autochtones. Ces mesures comprennent du soutien non financier, comme des documents d'information (fiches d'information, présentations, cartes, etc.) ou des réunions en personne pour soutenir la participation des Autochtones aux consultations. Des discussions sont tenues en parallèle avec les collectivités autochtones intéressées pour déterminer les meilleures approches de consultation.

La coccinelle à bandes transverses est présente dans des zones où des accords de revendications territoriales autorisent les conseils de gestion faunique à exercer des fonctions à l'égard d'une espèce sauvage. Le Ministère accorde la priorité aux conseils de gestion faunique dans le processus décisionnel concernant les inscriptions d'espèces sauvages. Dix-huit conseils de gestion faunique ont été nommés dans les énoncés de réaction aux évaluations du COSEPAC pour cette espèce. Ceux-ci ont été consultés par la suite conformément aux processus décrits dans les accords de revendications territoriales. Cinq conseils de gestion faunique ont répondu en présentant des résolutions soit pour appuyer l'inscription, soit pour exercer leur pouvoir discrétionnaire de ne pas assumer leurs fonctions décisionnelles concernant l'inscription de la coccinelle à bandes transverses à la liste des espèces préoccupantes. Les autres conseils de gestion faunique n'ont pas présenté de résolution, après plusieurs tentatives de communication de la part du Ministère. Sur une période de quatre mois, le Ministère a présenté un tableau à jour de toutes les espèces inscrites, a envoyé deux courriels de rappel et une dernière lettre postale.

Choix de l'instrument

La Loi sur les espèces en péril stipule qu'une fois les évaluations du COSEPAC reçues concernant les désignations des espèces sauvages, le ministre de l'Environnement doit donner sa recommandation à la gouverneure en conseil de (1) confirmer l'évaluation et inscrire l'espèce sur la liste; (2) décider de ne pas inscrire l'espèce sur la liste; ou (3) renvoyer la question au COSEPAC pour renseignements supplémentaires ou pour réexamen. L'obligation du ministre de donner sa recommandation à la gouverneure en conseil ne peut être contournée.

Analyse de la réglementation

Avantages et coûts

Les incidences différentielles quantitatives et qualitatives (avantages et coûts) du décret ont été analysées conformément aux lignes directrices du Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT). Les incidences différentielles, ou supplémentaires, sont définies comme les différences entre la situation actuelle et la situation dans laquelle le décret serait mis en œuvre au cours de la même période. La situation actuelle comprend les activités en cours sur le territoire domanial fédéral où une espèce est présente, ainsi que les changements qui se produiraient au cours des 10 prochaines années si le décret n'était pas en vigueur.

Une période de 10 ans a été choisie pour l'analyse, puisque le statut d'une espèce doit être réévalué tous les 10 ans par le COSEPAC. Les coûts présentés en valeur actuelle sont actualisés à 3 % pour la période 2022-2031. À moins d'indication contraire, toutes les valeurs monétaires indiquées dans la présente analyse sont exprimées en dollars constants de 2021.

Comme l'habitat essentiel d'une espèce n'est désigné dans un programme de rétablissement ou un plan d'action qu'après que l'espèce aura été inscrite à l'annexe 1 de la LEP, l'étendue de l'habitat essentiel des espèces visées par le Décret (où s'appliqueraient les mesures de protection) est inconnue à l'heure actuelle. L'analyse repose donc sur la meilleure information actuellement disponible.

Résumé des avantages et coûts

En général, le Décret devrait être avantageux pour la société canadienne. La protection des espèces visées permettrait de préserver leurs valeurs socioéconomiques et culturelles, leurs valeurs d'existence et d'option, ainsi que les services qu'elles procurent, comme la lutte contre des organismes nuisibles et le recyclage des nutriments. Le Décret ne devrait entraîner que de faibles coûts liés à l'élaboration de programmes de rétablissement, de plans d'action et de plans de gestion, le cas échéant, ainsi qu'aux éventuelles demandes de permis et activités de promotion de la conformité. Hormis les dépenses liées aux permis, le décret ne devrait pas imposer de coûts supplémentaires aux peuples autochtones et/ou aux intervenants.

En se fondant sur la liste des espèces mentionnées dans le présent décret, le coût net total pour le gouvernement a été estimé à approximativement 355 000 $ à 442 000 $ sur une période de 10 ans (2022-2031). Pour tous les permis, le coût supplémentaire pour les demandeurs (c'est-à-dire l'industrie, les Premières Nations, les autres ordres de gouvernement, les chercheurs et scientifiques) est estimé à 1 100 $.

I. Avantages

Selon la LEP, les espèces menacées, en voie de disparition ou disparues du pays bénéficient de l'élaboration de programmes de rétablissement et plans d'action qui décrivent les principales menaces pesant sur leur survie. Ces documents désignent également, dans la mesure du possible, l'habitat nécessaire à leur survie et à leur rétablissement au Canada.

Les espèces préoccupantes bénéficient de l'élaboration d'un plan de gestion, qui prévoit des mesures de conservation de l'espèce. Ces documents permettent une action coordonnée des autorités responsables de la gestion des terres où les espèces se trouvent au Canada. Une meilleure coordination entre les autorités améliore les probabilités de la survie de l'espèce. Ce processus donne également l'occasion d'examiner l'impact des mesures visant à rétablir les espèces et de consulter les intervenants et les peuples autochtones. Ces activités peuvent être améliorées par des mesures prises par les administrations municipales pour protéger les espèces et les habitats, par exemple grâce à des projets financés par le Programme d'intendance de l'habitatréférence 18, qui exige du soutien et des fonds de contrepartie d'autres sources. Ces projets améliorent la capacité à comprendre les besoins de conservation de ces espèces et de leurs habitats et à y répondre efficacement.

L'inscription d'une espèce comme espèce préoccupante sert également de première indication qu'une attention particulière doit lui être portée en raison de ses caractéristiques biologiques et des menaces établies. Cela permet de gérer l'espèce de manière proactive, en maximisant la probabilité de succès et en évitant éventuellement des mesures plus coûteuses à l'avenir.

L'avantage supplémentaire associé au déclassement au statut d'espèce préoccupante découle des travaux de gestion qui reflètent la meilleure information scientifique disponible, fournie par le COSEPAC. Ces travaux permettent de s'assurer que les espèces sont protégées conformément aux objectifs de la LEP, tout en réduisant au minimum les répercussions sur les intervenants, les peuples autochtones et les ressources gouvernementales. En outre, le déclassement de l'aster d'Anticosti d'espèce menacée à espèce préoccupante permettrait d'éviter des coûts, estimés à environ 20 000 $ (non actualisés), puisqu'il ne serait plus nécessaire d'élaborer un plan d'actionréférence 19. Comme les interdictions générales de la LEP ne s'appliqueraient plus à cette espèce, des coûts pourraient être évités pour les intervenants et les peuples autochtones qui n'auraient plus besoin de demander un permis ou de modifier leurs pratiques afin de respecter les interdictions.

Un avantage du reclassement d'espèce menacée à espèce en voie de disparition, ou vice versa, est que la désignation correspondrait à la meilleure information scientifique disponible, fournie par le COSEPAC, permettant ainsi une meilleure prise de décision concernant l'espèce et sa priorité de conservation. La recommandation de reclasser la tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) vers une désignation plus élevée, soit d'espèce menacée à espèce en voie de disparition, constituerait également une reconnaissance nationale des risques accrus que l'espèce disparaisse du pays ou de la planète.

La combinaison du décret et des mesures de protection supplémentaire prises par divers paliers de gouvernement, les peuples autochtones et d'autres intervenants permettraient probablement d'éviter que ces espèces disparaissent du pays ou de la planète. De telles mesures font partie intégrante du maintien de la biodiversité au Canada et de la conservation du patrimoine naturel du pays, qui procurent des avantages pour la société canadienne. Par conséquent, les avantages attendus ne peuvent être attribués uniquement au décret, mais ils sont présentés en guise de contexte.

Les espèces visées par le décret procurent divers types d'avantages pour la population canadienne.

a) Valeurs socioéconomiques et culturelles pour les peuples autochtones

Parmi les espèces visées par le décret, le caribou (population de Terre-Neuve), la tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique) et la tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) sont au cœur du mode de vie de nombreux peuples autochtones, leur procurant des avantages économiques, sociaux et culturels. Le caribou constitue une des principales sources de nourriture traditionnelle pour de nombreuses collectivités autochtones. L'utilisation de la viande et d'autres parties de l'animal permet d'éviter les coûts d'achat de nourriture et de biens en magasinréférence 20. La chasse traditionnelle du caribou favorise la cohésion sociale et contribue à la préservation de la culture, des langues et des traditions autochtonesréférence 21,référence 22. Le caribou est un élément central récurrent dans les récits, les chants, les arts et les cérémonies autochtonesréférence 23. Les tortues ont également une grande importance culturelleréférence 24, car elles figurent dans de nombreux récits traditionnels, comme le récit de la Création qui décrit comment la Terre a été créée sur le dos d'une tortueréférence 25. C'est pourquoi l'Amérique du Nord est traditionnellement appelée « l'île aux tortues ». Les tortues sont souvent représentées dans l'art autochtone, et les os et carapaces de tortues peintes et de tortues mouchetées sont utilisés pour fabriquer des ustensiles et des objets rituelsréférence 26. De plus, des données archéologiques montrent que les tortues peintes constituaient une importante source de nourriture pour de nombreux peuples autochtonesréférence 27. La chimaphile maculée était traditionnellement utilisée à des fins médicinales, notamment pour traiter le rhume et la fièvre ou, sous forme de tisane, pour traiter l'arthriteréférence 28,référence 29,référence 30.

b) Lutte contre des organismes nuisibles

La couleuvre gaufre de Say, la coccinelle à bandes transverses, l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche) et l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) fournissent des services de lutte contre des organismes nuisibles. En Saskatchewan et en Alberta, la couleuvre gaufre de Say se nourrit de petits mammifères qui peuvent nuire aux cultures agricolesréférence 31. Des agriculteurs se sont servis de la couleuvre gaufre de Say pour lutter contre les écureuils et les gaufresréférence 31. La coccinelle à bandes transverses protège les jardins et les cultures agricoles contre les pucerons et d'autres insectes ravageursréférence 32. De même, les larves des Ambystoma unisexués sont des prédateurs aquatiques qui se nourrissent des larves de divers insectesréférence 33.

c) Cycle des nutriments

Plusieurs des espèces visées par le décret sont bénéfiques pour le cycle des nutriments et le maintien des écosystèmes productifs en raison de leur régime alimentaire et de leurs déplacements (y compris les migrations saisonnières). Par exemple, l'escargot-tigre à bandes de l'Est contribue à la décomposition, au cycle des nutriments et aux processus de construction du sol en mangeant des matières organiques mortes et vivantes telles que des plantes et des champignons mortsréférence 34,référence 35. Les criquets consomment des plantes riches en azote et leurs excréments peuvent augmenter le taux de retour de l'azote des plantes vers le solréférence 36,référence 37. Par leur migration, l'Ambystoma unisexuéréférence 38,référence 39 et le caribou contribuent également au cycle des nutriments. L'Ambystoma unisexué migre entre les étangs de reproduction, dispersant les nutriments entre les environnements aquatiques et terrestres. Le caribou de Terre-Neuve consomme un régime alimentaire de végétation riche en azote et contribue au cycle des nutriments par ses fientes pendant la migration saisonnièreréférence 40,référence 41.

d) Valeur comme bio-indicateur

Plusieurs des espèces visées par le décret servent d'indicateurs de l'état de l'écosystème et de l'environnement. Par exemple, dans certaines régions forestières, le téloschiste ocellé est un indicateur de la pureté de l'airréférence 42,référence 43. Les deux Ambystoma unisexués de cette inscription dépendent chacun d'une autre population de salamandres. Les salamandres sont à la fois des proies et des prédateurs; elles constituent un maillon essentiel de la chaîne alimentaire et sont très sensibles à de petits changements dans leur habitatréférence 44,référence 45. Par exemple, la salamandre de Jefferson, dont dépend une des populations d'Ambystoma unisexués, est une espèce indicatrice de mares saisonnières de haute qualitéréférence 46.

e) Valeur d'existence

Bien des gens éprouvent du bien-être du simple fait de savoir qu'une espèce existe maintenant ou qu'elle continuera d'exister. Bien qu'il n'existe aucune estimation quantitative de la valeur d'existence des espèces visées par le décret, des études indiquent que la société attribue une valeur importante aux espèces vulnérables, surtout lorsqu'il s'agit d'espèces charismatiques, symboliques ou emblématiquesréférence 47,référence 48,référence 49. Par exemple, la tortue mouchetée a été utilisée par plusieurs organisations comme espèce vedette pour aider à susciter des appuis à la recherche sur la conservationréférence 50. Le caribou est un bon exemple d'une espèce canadienne emblématique dont la pérennité est valorisée par les Canadiens, même s'ils n'auront jamais d'interaction directe avec le caribouréférence 51,référence 52. Par exemple, dans une étude réalisée en Alberta en 2011, les ménages interrogés étaient prêts à payer en moyenne environ 197 $ par an pendant 50 ans pour assurer l'autosuffisance de 3 troupeaux de caribous des bois et environ 349 $ par an pendant 50 ans pour 13 troupeaux de caribous des bois autosuffisantsréférence 53. Les autres Canadiens ont probablement des attitudes similaires à l'égard de la conservation du caribou, en particulier du caribou de Terre-Neuve, bien qu'ils ne soient peut-être pas prêts à payer autant pour leur protection puisque ces espèces n'ont pas connu un déclin aussi prononcé que le caribou des bois. Les préférences peuvent également varier selon la province ou le territoire.

f) Valeur d'option

Le public et les entreprises du Canada peuvent accorder de la valeur à la préservation de l'information génétique qui pourrait être utilisée à l'avenir pour des applications biologiques, médicales, génétiques et autresréférence 54. Plusieurs des espèces recommandées pour une décision d'inscription sont associées à de telles valeurs (c'est-à-dire valeurs d'option). Dans le domaine de la recherche génétique, les études se sont concentrées sur la tortue peinte de l'Ouest, la tortue mouchetée et l'Ambystoma unisexué en raison des systèmes génétiques uniques de ces espècesréférence 55,référence 56, de caractéristiques telles que la longévitéréférence 57 et de la capacité à tolérer des conditions environnementales extrêmesréférence 58. D'autres espèces, comme le caribou (et plus particulièrement ses bois et sa moelle osseuse), peuvent avoir des avantages pour la santé humaineréférence 59,référence 60. L'information génétique et génomique pourrait également orienter la recherche sur l'histoire de l'évolution, la valeur adaptative et les maladies des ongulés (dont la résistance et la vulnérabilité) ainsi que la génomique fonctionnelleréférence 61,référence 62. Comme il a déjà été mentionné, la chimaphile maculée est utilisée à des fins médicinales.

II. Coûts

Les coûts associés au décret ont été évalués en fonction du niveau de répercussion sur les peuples autochtones et les intervenants et placés dans des catégories, comme l'illustre le tableau 3.

Pour chaque espèce, l'analyse a pris en compte trois types de coûts différentiels du décret :

L'analyse est basée sur les meilleures informations accessibles à l'heure actuelle.

Tableau 3 : Coûts pour les peuples autochtones et les intervenants, par catégorie d'inscription

Changements à l'annexe 1

Espèce

Coûts

Nouvelle inscription en tant qu'espèce en voie de disparition ou espèce menacée (cinq espèces)

Criquet du lac Huron; escargot-tigre à bandes de l'Est; Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche); Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson); téloschiste ocellé (population des Grands Lacs)

Les interdictions générales ne sont générées que pour les espèces présentes sur les terres fédérales.

Seulement deux de ces cinq espèces se trouvent sur les terres fédérales : l'escargot-tigre à bandes de l'Est et l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson). Pour ces espèces, des coûts minimaux liés aux applications de permis pourraient être encourus. Les applications doivent remplir certaines conditions préalables pour qu'un permis soit accordé.

Reclassement vers une désignation plus élevée ou moins élevée d'espèce menacée et espèce en voie de disparition ou vice versa, ou maintien de la même désignation (trois espèces)

Chimaphile maculée; tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique); tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent)

Les reclassements d'espèce menacée à espèce en voie de disparition (et vice versa) ne résulteraient en aucun coût additionnel pour les peuples autochtones ou les intervenants parce que ces deux désignations offrent le même niveau de protection aux espèces inscrites.

Inscription ou reclassement comme espèce préoccupante (sept espèces)

Scirpe de Long; téloschiste ocellé (population boréale et des prairies); coccinelle à bandes transverses; criquet des Îles-de-la-Madeleine; couleuvre
gaufre de Say; caribou (population de Terre-Neuve); aster d'Anticosti

Les interdictions générales de la LEP ne s'appliquent pas pour les espèces inscrites comme espèces préoccupantes. De ce fait, l'inscription de ces espèces ne générerait pas de coûts additionnels pour les peuples autochtones ou les intervenants.

a) Coûts pour les peuples autochtones et les intervenants

Les interdictions générales de la LEP ne s'appliquent pas aux espèces préoccupantes, ce qui signifie que l'inscription de ces espèces n'entraîne pas de coût supplémentaire pour les peuples autochtones et les intervenants. De même, le reclassement d'espèces menacées à espèces en voie de disparition et vice versa n'entraîne pas de nouveaux coûts pour les peuples autochtones et les intervenants, car les deux catégories bénéficient de protections identiques. Les interdictions générales ne s'appliquent pas aux espèces qui ne se trouvent pas sur le territoire domanial, et il n'y a donc pas de nouvelles répercussions pour les peuples autochtones et les intervenants. Il pourrait y avoir des coûts minimes liés aux demandes de permis pour les espèces présentes sur les terres de l'Agence Parcs Canada et d'autres territoires domaniaux.

Bien que les interdictions générales de la LEP s'appliquent à l'ensemble du réseau de lieux patrimoniaux protégés de l'Agence Parcs Canada au moment de l'inscription des espèces, celles-ci bénéficient déjà d'une protection dans les parcs nationaux et les lieux historiques nationaux en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada (LPNC). Les interdictions générales s'appliquent sur le territoire domanial, comme les réserves; toutefois, les interdictions qui s'appliquent aux espèces mentionnées dans le décret qui se trouve dans une réserve (Ambystoma unisexué, population dépendante de la salamandre de Jefferson) devraient avoir une répercussion limitée ou nulle. L'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) et la salamandre de Jefferson dont elle dépend pour sa reproduction ne peuvent être différenciées qu'en effectuant une analyse génétique. La salamandre de Jefferson figure déjà sur la liste des espèces en voie de disparition en vertu de l'annexe 1 de la LEP et bénéficie des interdictions générales de la LEP, et les deux salamandres partagent les mêmes exigences en matière d'habitat essentielréférence 63. Par conséquent, on ne s'attend pas à ce que l'inscription de l'Ambystoma unisexué sur les terres de Parcs Canada et les autres territoires domaniaux entraîne des coûts supplémentaires pour les peuples autochtones et les intervenants, si ce n'est le coût potentiel des demandes de permis. Voir la section « Demandes de permis » ci-dessous pour plus de renseignements sur les coûts. De même, étant donné que l'Ambystoma unisexué et la salamandre de Jefferson partagent les mêmes exigences en matière d'habitat essentiel, aucun impact différentiel n'est à prévoir advenant l'adoption future d'un arrêté de protection de l'habitat essentiel sur les terres fédérales pour cette espèce. L'escargot tigre à bandes de l'Est est la seule autre espèce inscrite qui se trouve sur les terres fédérales. Cependant, l'espèce se trouve dans un parc national et bénéficie déjà d'une protection en vertu de la LPNC. Par conséquent, on s'attend à ce que tout impact différentiel associé à un potentiel arrêté ministériel de protection de l'habitat essentiel sur les terres fédérales pour toute espèce incluse dans ce décret soit minime.

La participation volontaire au processus d'élaboration du programme de rétablissement, du plan d'action ou du plan de gestion peut entraîner des coûts pour les peuples autochtones et les intervenants. Ces coûts n'ont pas été estimés, car ils peuvent varier considérablement en fonction de l'espèce en question et du niveau de participation choisi.

b) Coûts pour le gouvernement du Canada

Comme il est indiqué dans le tableau 4 ci-dessous, les coûts pour le gouvernement du Canada diffèrent selon la catégorie d'inscription.

Tableau 4 : Type d'inscription et coûts connexes pour le gouvernement du Canada
Type d'inscription Exigences de la LEP Coût estimé par espèce
Espèce préoccupante Élaboration d'un plan de gestion 10 000 $ à 15 000 $
Reclassement d'espèce en voie de disparition à espèce menacée et vice versa Mise à jour du programme de rétablissement 3 000 $ à 10 000 $
Espèce en voie de disparition, menacée ou disparue du Canada Élaboration d'un programme de rétablissement et d'un plan d'action 20 000 $ à 25 000 $ par document
Radiation de l'annexe 1 S.O. S.O.

Comme il est indiqué dans le tableau 3, on propose d'inscrire sept espèces ou de les reclasser comme espèces préoccupantes. Dans ce cas, la désignation de l'habitat essentiel ne serait pas nécessaire. Un plan de gestion devra être élaboré et publié dans les trois ans suivant l'inscription. L'élaboration des plans de gestion devrait coûter environ de 10 000 $ à 15 000 $ par espèce, pour un total non actualisé de 70 000 $ à 105 000 $ pour les espèces du présent groupe.

Trois espèces sont reclassées de la catégorie des espèces menacées à celle des espèces en voie de disparition ou vice versa. En vertu de la LEP, les espèces en voie de disparition et menacées bénéficient d'une protection identique. Ainsi, les exigences en matière de préparation de programmes de rétablissement et de plans d'action et la désignation de l'habitat essentiel seraient les mêmes pour les deux catégoriesréférence 64. Dans le cas de ces espèces, des mises à jour des programmes de rétablissement et des plans d'action existants seraient nécessaires après le reclassement, pour un coût estimé de 3 000 $ à 10 000 $ par document et par espèce, le coût variant selon les espèces. Le programme de rétablissement de la tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) a été publié en 2018 sous la désignation initiale d'espèce menacée et ne nécessiterait donc que des modifications mineures, ce qui entraînerait une dépense d'environ 3 000 $. Cependant, les programmes de rétablissement de la tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique) et de la chimaphile maculée nécessitent une mise à jour qui entraînera des coûts estimés plus élevés. Par conséquent, on estime que le coût total non actualisé pour le gouvernement du Canada pour le présent groupe se chiffrerait entre 20 000 $ et 23 000 $.

Cinq espèces ont été nouvellement évaluées par le COSEPAC en tant qu'espèces en voie de disparition ou menacées. De ce nombre, trois n'ont pas été observées sur le territoire domanial : l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche), le téloschiste ocellé (population des Grands Lacs) et le criquet du lac Huron. Une espèce, l'escargot-tigre à bandes de l'Est, est présente dans le parc national de la Pointe-Pelée. L'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) se trouve sur trois propriétés fédérales. Comme il a été mentionné précédemment, cette espèce partage le même habitat essentiel que la salamandre de Jefferson, qui est déjà protégée en vertu de la LEP; par conséquent, il n'y aurait pas de coûts supplémentaires liés aux interdictions générales pour cette espèce. On estime que les coûts associés à la préparation de programmes de rétablissement et de plans d'action pour ces cinq espèces se chiffreraient entre 40 000 $ et 50 000 $ par espèce. Le coût total non actualisé pour le gouvernement du Canada serait d'environ 200 000 $ à 250 000 $. Il faudrait également faire la promotion de la conformité pour les espèces de ce groupe, pour un coût total estimé de 2 000 $ durant la première année.

L'hespérie du Sonora, qui figurait auparavant sur la liste des espèces en voie de disparition, a été réévaluée par le COSEPAC et sera maintenant considérée comme une espèce qui n'est plus en péril. Il n'y aura pas de coût supplémentaire pour radier l'espèce de la liste.

III. Demandes de permis

Bien qu'il ne soit pas certain que des exigences supplémentaires en matière de permis s'appliqueront à la suite des décisions relatives aux inscriptions, des permis sont nécessaires pour les activités qui seraient autrement interdites en vertu de la LEP. Les hypothèses concernant le nombre de demandes de permis ont été basées sur les permis demandés précédemment pour des espèces similaires.

On suppose qu'il pourrait y avoir une demande de permis par propriété fédérale où l'on trouve des espèces, et une demande de permis supplémentaire pour les terres de Parcs Canada. Les demandes seraient pour des recherches ou des activités qui bénéficient aux espèces et seraient présentées par des institutions universitaires ou d'autres organismes de recherche (par exemple des organisations non gouvernementales, des gouvernements). De plus, pour les propriétés qui nécessitent déjà un permis en vertu d'une autre loi fédérale pour qu'une activité puisse avoir lieu (par exemple un parc national, une réserve nationale de faune), le coût de la demande de permis représenterait uniquement le coût additionnel nécessaire pour rendre le permis conforme à la LEP, ce qui demanderait environ le quart du travail lié à une nouvelle demande de permis (approximativement sept heures du temps du demandeur). Les divers coûts liés à une demande de permis sont présentés dans le tableau 5 ci-dessous.

Tableau 5 : Coûts liés aux demandes de permis
Type d'application de permis Coût par permis
Postulant
Industrie, y compris les peuples autochtones (permis de prise accessoire) 2 500 $
Industrie (permis de prise accessoire) — coût additionnel de conformité à la LEP seulement 600 $
Chercheur/scientifique (permis de recherche) 1 200 $
Chercheur/scientifique (permis de recherche) — coût additionnel de conformité à la LEP seulement 300 $
Parcs Canada sur les terres de Parcs Canada 760 $

Coûts administratifs au gouvernement du Canada

Gouvernement

Nouveau permis — Environnement et Changement climatique Canada 3 000 $
Coût additionnel de conformité à la LEP — gouvernement fédéral 680 $

Note : Les estimations ont été arrondies.

Dans le présent décret, il y a deux espèces qui se trouvent sur les terres fédérales : l'Ambystoma unisexué et l'Escargot tigre à bandes de l'Est. L'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) se trouve sur trois propriétés foncières fédérales, mais comme elle partage le même habitat essentiel que la salamandre de Jefferson qui est déjà protégée en vertu de la LEP, aucune demande de permis supplémentaire ne devrait être associée à cette espèce.

L'escargot-tigre à bandes de l'Est se rencontre sur les terres de Parcs Canada du parc national de la Pointe-Pelée. On suppose qu'un seul permis par parc national et par espèce pourrait être demandé par les entreprises ou les chercheurs. Dans ce cas, en l'absence d'autres données, on présume que le demandeur serait un chercheur. Pour les chercheurs, une demande de permis en vertu de la LEP remplaçant un permis précédemment en vertu de la LPNC pourrait entraîner des coûts supplémentaires de 300 $ par permis. En outre, une évaluation par espèce peut entraîner une demande de permis supplémentaire par Parcs Canada pour des projets sur les terres de Parcs Canada. Les demandeurs de Parcs Canada qui font une demande de permis en vertu de la LEP dans les parcs nationaux assumeraient un coût pouvant aller jusqu'à 760 $ par espèce.

Les coûts supplémentaires pour le gouvernement du Canada liés à la délivrance de permis se chiffrent à 680 $ par permis, y compris les frais associés à l'examen des permis, à l'évaluation des demandes et aux communications avec les demandeurs. Par conséquent, les coûts supplémentaires totaux pour les demandeurs du parc national de la Pointe-Pelée sont estimés à 1 360 $ (coûts non actualisés). Le total des coûts supplémentaires pour le gouvernement du Canadaréférence 65 associé à l'examen de ces demandes de permis au cours des 10 années suivant l'inscription pourrait atteindre 1 360 $ (coûts non actualisés).

Incidences sur les évaluations environnementales

Il pourrait y avoir certaines incidences sur les projetsréférence 66 devant faire l'objet d'une évaluation environnementale en vertu d'une loi fédérale (ci-après, EE fédérale). Toutefois, les coûts devraient être minimes par rapport aux coûts totaux de l'exécution d'une EE fédérale. Une fois qu'une espèce est inscrite à l'annexe 1 de la LEP, sous quelque désignation que ce soit, des exigences supplémentaires en vertu de l'article 79 de la LEP entrent en vigueur pour les promoteurs de projets et les fonctionnaires qui entreprennent une EE fédérale. Ces exigences comprennent la détermination de tous les effets néfastes que le projet pourrait avoir sur l'espèce et son habitat essentiel et, si le projet est réalisé, l'assurance que des mesures sont prises pour éviter ou réduire ces effets et pour en faire le suivi. Cependant, le Ministère recommande toujours aux promoteurs, dans les lignes directrices de l'évaluation environnementale (au début du processus d'évaluation environnementale), d'examiner les effets sur les espèces déjà évaluées par le COSEPAC qui pourraient être inscrites à l'annexe 1 de la LEP dans un avenir proche, de sorte que ces coûts sont probablement déjà intégrés dans le scénario de référence.

Impacts potentiels des futurs règlements de la LEP

L'inscription d'une espèce sauvage en vertu de la LEP comme étant menacée, en voie de disparition ou disparue du pays déclenche une série d'obligations pour le gouvernement, y compris la préparation d'un programme de rétablissement qui comprend l'identification, dans la mesure du possible, de l'habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement de l'espèce (habitat essentiel) et les différentes obligations concernant la protection de cet habitat essentiel. La protection de l'habitat essentiel sur des terres non fédérales peut nécessiter la prise de mesures réglementaires avec des avantages connexes ainsi que des coûts potentiels pour les propriétaires fonciers, les utilisateurs des terres et le gouvernement fédéral. L'impact socioéconomique de chaque mesure réglementaire individuelle sera évalué si cette protection supplémentaire devient nécessaire.

Lentille des petites entreprises

L'analyse concernant la lentille des petites entreprises a révélé qu'il n'y a aucun impact sur les petites entreprises.

Règle du « un pour un »

Le Ministère ne prévoit aucune demande de permis de la part des entreprises. Par conséquent, la règle du « un pour un » ne s'applique pas à la présente proposition, car il n'y a aucun changement quant au fardeau administratif pour les entreprises.

Coopération et harmonisation en matière de réglementation

La protection des espèces sauvages est une responsabilité partagée entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Les gouvernements provinciaux et territoriaux ont fait part de leur engagement à protéger et à rétablir les espèces en péril en approuvant l'Accord pour la protection des espèces en péril en 1996. Certaines des espèces à l'étude sont actuellement inscrites sur les listes de réglementation provinciale, et le Décret modifiant l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril complétera cette protection existante. Les désignations de ces espèces sont présentées dans le tableau 6.

Tableau 6 : Désignations provinciales et territoriales des 16 espèces incluses dans le Décret modifiant l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril

Nom commun de l'espèce

Aire de répartition

Désignation de la LEP proposée

Loi provinciale/territoriale

Désignation

Couleuvre gaufre de Say

Alberta

Saskatchewan

Espèce préoccupante

Wildlife Act de l'Alberta

Loi de 1998 sur la faune de la Saskatchewan

Sensitive (sensible)

Aucun statut

Caribou (population de Terre-Neuve)

Terre-Neuve-et-Labrador

Espèce préoccupante

Endangered Species Act de Terre-Neuve-et-Labrador

Aucun statut

Coccinelle à bandes transverses

Toutes les régions

Espèce préoccupante

Toutes les lois provinciales et territoriales

Aucun statut

Téloschiste ocellé (population boréale et des Prairies)

Ontario

Manitoba

Espèce préoccupante

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario

Endangered Species and Ecosystems at Risk Act du Manitoba

Aucun statut

Aucun statut

Scirpe de Long

Nouvelle-Écosse

Espèce préoccupante

Endangered Species Act de la Nouvelle-Écosse

Vulnerable (vulnérable)

Criquet des Îles-de-la-Madeleine

Québec

Espèce préoccupante

Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec

Aucun statut

Criquet du lac Huron

Ontario

Espèce menacée

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario

Espèce menacée

Escargot-tigre à bandes de l'Est

Ontario

Espèce en voie de disparition

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario

Espèce en voie de disparition

Téloschiste ocellé (population des Grands Lacs)

Ontario

Espèce en voie de disparition

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario

Espèce en voie de disparition

Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche)

Ontario

Espèce en voie de disparition

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario

Espèce en voie de disparition

Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson)

Ontario

Espèce en voie de disparition

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario

Espèce en voie de disparition

Aster d'Anticosti

Québec

Nouveau-Brunswick

Espèce menacée à espèce préoccupante

Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec

Loi sur les espèces en péril (2012) du Nouveau-Brunswick

Espèce menacée

Espèce en voie de disparition

Tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique)

Colombie-Britannique

Espèce en voie de disparition à espèce menacée

Wildlife Act de la Colombie-Britannique

Critically imperiled /
Imperiled
(gravement en péril / en péril)

Chimaphile maculée

Ontario

Québec

Espèce en voie de disparition à espèce menacée

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario

Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec

Espèce menacée

Disparue du Québec

Tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent)

Ontario

Québec

Espèce menacée à espèce en voie de disparition

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario

Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec

Espèce menacée

Espèce menacée

Hespérie du Sonora

Colombie-Britannique

Espèce préoccupante à espèce non en péril

Wildlife Act de la Colombie-Britannique

Critically imperiled /
Imperiled
(gravement en péril / en péril)

Environnement et Changement climatique Canada travaille également avec ses partenaires fédéraux (c'est-à-dire Pêches et Océans Canada et Parcs Canada) afin de déterminer les répercussions de l'inscription des espèces.

Évaluation environnementale stratégique

Une évaluation environnementale stratégique a permis de conclure que le décret aura d'importants effets positifs sur l'environnement. Plus précisément, elle a démontré que la protection des espèces sauvages en péril contribue à la biodiversité nationale et protège la productivité, la santé et la résilience des écosystèmes.

Le décret aidera aussi le Canada à respecter ses engagements pris aux termes de la Convention sur la diversité biologique. Étant donné l'interdépendance des espèces, une perte de biodiversité peut entraîner une diminution des fonctions et des services des écosystèmes. Ces services, à leur tour, sont importants pour la santé des Canadiens et ont des liens importants avec l'économie canadienne. De petits changements au sein d'un écosystème entraînant la perte d'individus et d'espèces peuvent donc produire des effets néfastes et irréversibles à grande échelle.

Les modifications à l'annexe 1 de la LEP appuieront également l'objectif de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD)référence 67 d'avoir des « populations d'espèces sauvages en santé » en aidant à assurer que les espèces qui sont en santé le restent et que les populations d'espèces en péril inscrites en vertu de la loi fédérale présentent des tendances qui sont conformes aux programmes de rétablissement et aux plans de gestion. Les modifications soutiendront cet objectif en contribuant à garantir que les espèces bénéficient d'une protection appropriée. Elles contribueront également indirectement à l'objectif de la SFDD d'avoir des « mesures efficaces de lutte contre les changements climatiques » en appuyant la conservation de la biodiversité, car de nombreux écosystèmes jouent un rôle clé dans l'atténuation des effets des changements climatiques. Ces mesures appuieraient aussi les objectifs du Programme de développement durable à l'horizon 2030référence 68 concernant la vie terrestre (objectif 15) et les mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques (objectif 13).

Analyse comparative entre les sexes plus

Une analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) a été réalisée pour cette présentation afin de déterminer si des caractéristiques (par exemple sexe, âge, race, orientation sexuelle, revenu, éducation, statut professionnel, langue, statut de minorité visible, handicap, religion) pourraient influer sur la manière dont une personne est touchée par le décret. L'analyse a révélé que, de façon générale, les Canadiens bénéficient positivement de la protection des espèces en péril et du maintien de la biodiversité. Aucun impact n'a été identifié lié lors de l'ACS+.

Peuples autochtones

Dans le contexte du décret, le caribou, les tortues et une espèce végétale sont considérés comme ayant une forte importance culturelle, sociale ou socioéconomique pour les peuples autochtones.

L'inscription de nouvelles espèces à l'annexe 1 de la LEP ou leur reclassement d'espèces préoccupantes à espèces menacées ou à espèce en voie de disparition déclenche l'application des interdictions générales de tuer, de capturer ou de blesser les espèces protégées. Lorsque ces interdictions générales sont mises en œuvre, elles peuvent avoir des répercussions disproportionnées sur les peuples autochtones en raison de l'inclusion des réserves dans la définition de la LEP de territoire domanial, auquel s'applique la LEP spécifiquement, et compte tenu de l'importance culturelle, sociale et socioéconomique de certaines espèces. Cependant, dans ce cas particulier, il est anticipé que le décret ne génère aucun impact additionnel ou disproportionné sur les peuples autochtones ou leurs activités traditionnelles. En effet, bien que certaines espèces se trouvent sur des réserves, aucun impact additionnel ne résultera des ajouts et changements de désignation.

De manière plus précise, le caribou (population de Terre-Neuve) sera inscrit sur la liste des espèces préoccupantes. Aucune répercussion directe sur les activités traditionnelles n'est prévue puisque les interdictions générales de la LEP ne s'appliquent pas aux espèces préoccupantes. Toutefois, l'inscription d'une espèce sur la liste des espèces préoccupantes nécessite l'élaboration d'un plan de gestion. Pour l'élaboration de ce plan, le ministre est tenu de coopérer avec les différents intervenants énumérés au paragraphe 66(1) de la LEP, notamment les organismes autochtones que le ministre compétent estime potentiellement directement touchés par le plan de gestion. Ces organismes peuvent participer à la prise de décisions et à la formulation de recommandations concernant la gestion des espèces dans les terres visées par les traités. Bien que le caribou (population de Terre-Neuve) ne se trouve pas sur les terres des Premières Nations de l'île de Terre-Neuve, les peuples autochtones peuvent néanmoins participer à l'élaboration d'un plan de gestion pour cette espèce, à leur discrétion.

La tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) et la tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique) se trouvent sur plusieurs terres des Premières Nations en Ontario et au Québec, et en Colombie-Britannique, respectivement. La première passe d'espèce menacée à espèce en voie de disparition tandis que la seconde passe d'espèce en voie de disparition à menacée. Certaines collectivités autochtones ont fait part de leurs connaissances traditionnelles concernant l'utilisation de la chimaphile maculée comme plante médicinale. Cette plante, qui est reclassée d'espèce en voie de disparition à menacée, se trouve peut-être sur les terres de Premières Nations de l'Ontario et du Québec. Comme les interdictions générales de la LEP resteront les mêmes après le reclassement de ces quatre espèces, on ne prévoit aucune répercussion sur les peuples autochtones ou leurs activités traditionnelles, ou sur les intervenants.

Justification

La biodiversité est essentielle à la productivité, à la santé et à la résilience des écosystèmes, mais elle diminue dans le monde entier à mesure que des espèces disparaissentréférence 69. Le décret soutiendra la survie et le rétablissement de 16 espèces en péril au Canada, ce qui contribuerait au maintien de la biodiversité au Canada. Dans le cas de 8 espèces menacées ou en voie de disparition, elles seront protégées sur le territoire domanial grâce aux interdictions générales prévues par la LEP, dont les interdictions d'abattre, de blesser, de harceler, de capturer, de posséder, de collectionner, d'acheter, de vendre et d'échanger. De plus, ces espèces bénéficieront de l'élaboration ou de la mise à jour de programmes de rétablissement et de plans d'action qui cibleront les menaces principales à leur survie ou à leur rétablissement et désigneraient, dans la mesure du possible, l'habitat essentiel nécessaire à leur survie ou à leur rétablissement au Canada. De plus, les sept espèces qui seront rajoutées à la Liste ou reclassées en tant qu'espèces préoccupantes bénéficieront de l'élaboration d'un plan de gestion comprenant des mesures pour la conservation de ces espèces.

En somme, l'inscription de ces espèces sera bénéfique pour les Canadiens de plusieurs façons, et aucun coût majeur serait assumé par les peuples autochtones ou les intervenants. Les coûts pour le gouvernement seraient relativement bas.

Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service

Mise en œuvre

À la suite de l'inscription, le Ministère mettra en œuvre un plan de promotion de la conformité. Les initiatives de la promotion de la conformité consistent en des mesures qui encouragent la conformité volontaire à la loi par des activités d'éducation et de sensibilisation et visent à faire connaître et comprendre les interdictions. Les activités de sensibilisation s'adresseraient, au besoin, aux peuples autochtones et aux intervenants susceptibles d'être touchés afin :

Ces objectifs pourraient être atteints, là où cela est nécessaire, grâce à la création et à la diffusion de produits d'information expliquant les nouvelles interdictions concernant les espèces visées par ce décret qui s'appliqueront sur le territoire domanial, le processus de planification du rétablissement qui suit l'inscription ou la reclassification, la façon dont les peuples autochtones et les intervenants peuvent participer, ainsi que les renseignements généraux sur chacune des espèces. Ces ressources seront publiées dans le Registre public des espèces en péril. Des envois postaux et des présentations destinées aux publics cibles pourraient aussi être envisagés.

Dans les lieux patrimoniaux de l'Agence Parcs Canadaréférence 70, le personnel de première ligne reçoit l'information appropriée concernant les espèces en péril qui se trouvent sur leurs sites afin qu'il puisse informer les visiteurs des mesures de prévention et les faire participer à la protection et à la conservation des espèces en péril.

Après l'inscription des espèces concernées, la préparation et la mise en œuvre de programmes de rétablissement, de plans d'action ou de plans de gestion peuvent mener à des recommandations de mesures de réglementation supplémentaires pour la protection des espèces sauvages. Ces recommandations peuvent aussi s'inspirer des dispositions d'autres lois du Parlement pour assurer la protection requise.

Conformité et application

La LEP prévoit des sanctions en cas d'infraction à la Loi, notamment des amendes ou des peines d'emprisonnement, la saisie et la confiscation des biens saisis ou des produits de leur aliénation. Dans certaines conditions, un accord sur des mesures de rechange peut être conclu avec la personne accusée d'une infraction. La LEP prévoit également l'inspection ainsi que des opérations de recherche et de saisie par les agents de l'autorité désignés pour en contrôler l'application. En vertu des dispositions sur les peines, une société reconnue coupable d'une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire est passible d'une amende maximale de 300 000 $, une société sans but lucratif est passible d'une amende maximale de 50 000 $ et toute autre personne est passible d'une amende maximale de 50 000 $ ou d'une peine d'emprisonnement maximale d'un an, ou des deux. Une société reconnue coupable d'une infraction punissable par mise en accusation est passible d'une amende maximale de 1 000 000 $, une société sans but lucratif est passible d'une amende maximale de 250 000 $ et toute autre personne est passible d'une amende maximale de 250 000 $ ou d'une peine d'emprisonnement maximale de cinq ans, ou des deux.

Normes de service

Comme il est indiqué ci-dessus, l'article 73 de la LEP permet à une personne de demander au ministre compétent un permis l'autorisant à exercer une activité touchant une espèce sauvage inscrite, tout élément de son habitat essentiel ou la résidence de ses individus. Une fois que le demandeur est avisé de la réception de sa demande de permis en vertu de l'article 73, le ministre dispose de 90 jours pour délivrer le permis ou refuser de le faireréférence 71. Le délai de 90 jours peut ne pas s'appliquer dans certaines circonstances.

En vertu de l'article 73 de la LEP, le Règlement sur les permis autorisant une activité touchant une espèce sauvage inscrite contribue à la cohérence, à la prévisibilité et à la transparence du processus de délivrance des permis en vertu de la LEP en fournissant aux demandeurs des normes de service claires et mesurables. Le Ministère mesure le rendement de ses services chaque année, et l'information sur le rendement est diffusée sur le site Web du Ministèreréférence 72 au plus tard le 1er juin pour l'exercice précédent.

Personne-ressource

Paula Brand
Directrice intérimaire
Politiques et affaires réglementaires de la Loi sur les espèces en péril
Service canadien de la faune
Ministère de l'Environnement
Gatineau (Québec)
K1A 0H3
Téléphone : 1‑800‑668‑6767
Courriel : LEPreglementations-SARAregulations@ec.gc.ca

Annexe — Description des espèces qui sont ajoutées à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril, reclassées ou radiées de celle-ci

Aster d'Anticosti (Symphyotrichum anticostense)

L'aster d'Anticosti est actuellement inscrit à l'annexe 1 de la LEP comme étant une espèce menacée. Le COSEPAC a réévalué l'espèce en avril 2017 et a jugé que l'espèce était préoccupante.

Au sujet de l'espèce

L'aster d'Anticosti est une plante herbacée de 10 à 75 cm de hauteur qui s'étend au moyen de longs rhizomes pour former des colonies clonales peu denses. Ses fleurs sont violettes et jaunes, et portées sur de longues tiges. L'aster d'Anticosti est une espèce apparue à l'Holocène (il y a moins de 11 700 ans) par hybridation entre l'aster de Nouvelle Belgique et l'aster boréal. Au Canada, l'aster d'Anticosti se trouve sur les rives calcaires de plus grandes rivières dans l'est du Québec et au Nouveau-Brunswick.

Avantages

Source de nourriture pour d'autres espèces.

Consultations

Des consultations ont eu lieu entre janvier et mai 2018 pour cette espèce. Quatre commentaires ont été reçus, dont un supportant le déclassement de l'espèce, venant d'une province, et trois ne l'opposant pas, venant de deux Premières Nations et d'un ministère fédéral.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, un commentaire supportant le déclassement de l'espèce à un statut d'espèce préoccupante a été reçu d'une Première Nation.

Justification de la reclassification

Parmi les menaces pesant sur l'aster d'Anticosti se trouvent le développement des rives, les activités récréatives, la construction de grands barrages, les débris boisés, le broutage par le cerf de Virginie, l'hybridation et les espèces invasives. Un programme de rétablissement pour cette espèce a été publié après son inscription en tant qu'espèce menacée en 2000. Depuis la dernière évaluation, des recherches approfondies ont démontré l'existence de plusieurs nouvelles populations. Un reclassement de l'espèce à titre d'espèce menacée à espèce préoccupante n'entrave pas les efforts de conservation en cours, car un plan de gestion sera requis pour s'assurer d'empêcher que l'espèce ne devienne plus à risque.

Tortue mouchetée (Emydoidea blandingii) [population des Grands Lacs et du Saint-Laurent]

La tortue mouchetée (population des Grands Lacs et du Saint-Laurent) est actuellement inscrite à l'annexe 1 de la LEP comme étant une espèce menacée. Le COSEPAC a réévalué l'espèce en novembre 2016 et a jugé que l'espèce était en voie de disparition.

Au sujet de l'espèce

La tortue mouchetée est une tortue d'eau douce de taille moyenne dotée d'une carapace lisse formant un dôme prononcé, de couleur noire à brun foncé avec des bandes et des mouchetures jaunâtres. Au Canada, cette population de tortue se trouve autour des Grands Lacs au sud de l'Ontario, et de l'est à l'extrême sud-ouest du Québec, particulièrement dans la région de l'Outaouais. Les tortues, y compris la tortue mouchetée, sont utilisées par les peuples autochtones pour de la nourriture, de l'artisanat et à des fins cérémoniales, et elles jouent un rôle important dans la spiritualité autochtone.

Avantages

Valeurs socioéconomiques et culturelles pour les peuples autochtones, valeur d'existence, valeur d'option.

Consultations

Des consultations ont eu lieu entre janvier et mai 2018 pour cette espèce. Huit commentaires ont été reçus, dont trois supportant le reclassement de l'espèce à une catégorie plus élevée, venant d'une province, d'une Première Nation et d'une société d'État. Cinq commentaires n'opposant pas la désignation proposée ont été soumis par deux industries, deux Premières Nations et un ministère fédéral.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, un commentaire supportant le reclassement de l'espèce à un statut plus élevé, soit « espèce en voie de disparition », a été reçu d'une Première Nation.

Justification de la reclassification

Les menaces principales à l'espèce incluent les réseaux routiers et de chemins de fer, les espèces exotiques et invasives (roseau commun d'Europe), le développement résidentiel et commercial, les prédateurs favorisés par les activités humaines, le commerce illégal, ainsi que les changements des écosystèmes naturels en raison de la gestion de l'eau et du drainage. Les analyses quantitatives permettent d'estimer que le nombre total d'individus matures dans cette population a connu un déclin de plus de 60 % au cours des trois dernières générations, et subira un déclin de 50 % au cours des trois prochaines générations, celui-ci causé par la mortalité sur les routes seulement.

Un programme de rétablissement ainsi que quatre plans d'action ont été publiés sur le Registre public des espèces en péril depuis son inscription initiale, en 2006, en tant qu'espèce menacée. Son reclassement d'espèce menacée à espèce en voie de disparition reconnaît les menaces pesant toujours sur l'espèce. Ce changement de désignation n'affecterait pas les interdictions générales de la LEP déjà en place pour cette espèce, et le programme de rétablissement devra être mis à jour pour inclure les connaissances scientifiques les plus récentes et exactes dans un délai d'un an suivant le changement de désignation dans la LEP.

Couleuvre gaufre de Say (Pituophis catenifer sayi)

Le COSEPAC a évalué la couleuvre gaufre de Say en avril 2017 et a jugé que l'espèce était préoccupante.

Au sujet de l'espèce

La couleuvre gaufre de Say est l'une des trois sous-espèces de couleuvres à nez mince du Canada et une des plus grandes espèces de serpents du Canada. Les adultes sont jaunâtres et leurs écailles dorsales et latérales comportent des taches noires, brunes ou brun rougeâtre. La couleuvre gaufre de Say n'est pas venimeuse. L'espèce se retrouve dans la région des prairies à herbes courtes et mixtes autour des badlands, le long des grandes vallées fluviales et hiberne en communes, souvent accompagnée d'autres espèces de serpents. Au Canada, la couleuvre gaufre de Say se trouve en Alberta et en Saskatchewan, soit à l'extrémité septentrionale de son aire de répartition mondiale.

Avantages

Lutte contre des organismes nuisibles.

Consultations

Des consultations ont eu lieu entre janvier et mai 2018 pour cette espèce. Aucun commentaire propre à cette espèce n'a été reçu concernant sa désignation en tant qu'espèce préoccupante.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de l'inscription à la LEP

Les menaces qui pèsent sur la couleuvre gaufre de Say englobent la destruction de son habitat et la mortalité routière, et l'espèce pourrait devenir menacée si celles-ci ne sont pas atténuées. Bien que la sévérité des menaces pour toute l'aire de répartition de l'espèce ne soit pas complètement comprise à l'heure actuelle, l'impact de celles-ci pourrait être considérable. L'espèce est particulièrement vulnérable à un accroissement de la mortalité dû à sa faible abondance, à sa maturité tardive et à son faible taux de reproduction.

La désignation de l'espèce en tant qu'espèce préoccupante ne déclencherait pas les interdictions sous la LEP, mais contribuerait à la conservation de l'espèce au Canada par l'obligation de développer un plan de gestion, y compris des mesures préventives, réduisant ainsi le risque que l'espèce devienne menacée.

Caribou (Rangifer tarandus) [population de Terre-Neuve]

Le COSEPAC a évalué le caribou (population de Terre-Neuve) en novembre 2014 et a jugé que l'espèce était préoccupante.

Au sujet de l'espèce

Le caribou est un cervidé de taille moyenne aux pattes relativement longues et aux gros sabots, qui facilitent la survie dans les milieux nordiques. La sélection de l'habitat par le caribou est complexe et se fait à plusieurs échelles spatiales et temporelles, et l'utilisation de l'habitat semble être dictée par l'évitement des prédateurs. Les milieux disponibles pour cette population de caribou se composent d'une mosaïque de parcelles d'étendue petite à vaste de forêts de conifères, de toundra, d'arbustaies et de complexes de tourbières ombrotrophes/milieux humides. Les caribous préfèrent les milieux humides, la toundra et les zones arbustives pendant les saisons sans neige, et choisissent des forêts anciennes de conifères matures en hiver. Au Canada, cette population de caribou occupe l'île de Terre-Neuve en entièreté, bien que certaines zones soient identifiées comme étant plus abondantes. Le caribou est très important sur le plan socioéconomique, culturel et social pour le peuple autochtone.

Avantages

Valeurs socioéconomiques et culturelles pour les peuples autochtones, source de nourriture pour d'autres espèces, valeur d'existence et valeur d'option.

Consultations

Des consultations ont eu lieu entre janvier et octobre 2016 pour cette espèce. Trois commentaires ont été reçus, dont un appuyant la désignation proposée, et deux ne l'opposant pas, venant de deux organismes non gouvernementaux environnementaux et d'un individu.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, six commentaires de la part d'une Première Nation, de deux ONGEs, de trois universitaires ainsi que d'un individu ont été reçus. Tous les commentaires ont montré leur appui quant à l'inscription du Caribou comme espèce préoccupante.

Justification de l'inscription à la LEP

Depuis 2002, l'abondance de cette population a fluctué et son nombre d'individus a maintenant diminué d'environ 60 % au cours des trois dernières générations de caribous (18 ans). Le déclin a été causé par une nourriture limitée alors que la population connaissait une densité, une récolte et une prédation élevées. Différents indices semblent indiquer que la population connaît une amélioration, mais on craint que l'arrivée de nouveaux prédateurs puisse avoir une incidence sur la population du caribou sur l'île. La production d'énergie, la chasse, la coupe forestière, et les activités récréatives constituent d'autres menaces pesant sur cette population de caribou.

Un plan d'action multiespèces, y compris cette espèce, a été publié sur le Registre public des espèces en péril par le parc national Terra-Nova et les lieux historiques nationaux du Canada de l'est de Terre-Neuve. Bien que l'inscription en tant qu'espèce préoccupante ne déclencherait pas les interdictions sous la LEP, celle-ci contribuerait à la conservation de l'espèce au Canada par l'obligation de développer un plan de gestion, y compris des mesures préventives, réduisant ainsi le risque que l'espèce devienne menacée.

Escargot-tigre à bandes de l'Est (Anguispira kochi kochi)

Le COSEPAC a évalué l'escargot-tigre à bandes de l'Est en avril 2017 et a jugé que l'espèce était en voie de disparition.

Au sujet de l'espèce

L'escargot-tigre à bandes de l'Est est un escargot terrestre relativement grand et les adultes mesurent 2,5 cm. Sa coquille a une bande mince et pâle en forme de spirale située légèrement au-dessus de sa périphérie, bordée d'une bande plus foncée de chaque côté, sur fond jaune à brun. Cet escargot a une tête grise, tandis que son pied présente une teinte variant entre le rouge orangé et le brun. Cette espèce se retrouve dans les forêts de feuillus ou mixtes et joue un rôle important dans le fonctionnement des écosystèmes, plus particulièrement en favorisant la décomposition, le cycle des nutriments et les processus de formation du sol. Au Canada, l'espèce n'est présente que sur les îles Middle et Pelee, en Ontario. Les menaces principales pesant sur cet escargot sont le changement climatique, la destruction de son habitat par le cormoran à aigrettes surabondant, et la perte et l'altération de son habitat, issues de l'exploitation forestière, du pâturage et de l'agriculture.

Avantages

Cycle des éléments nutritifs, source de nourritures pour d'autres espèces.

Consultations

Des consultations ont eu lieu entre janvier et mai 2018 pour cette espèce. Un commentaire appuyant la désignation proposée a été reçu d'une province.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de l'inscription à la LEP

Dans les 30 dernières années, l'espèce a vu son nombre chuté à cause de l'augmentation de densité des nids de cormorans et du développement des terres. Par conséquent, certaines populations de l'escargot-tigre à bandes de l'Est ont maintenant disparu du pays. Sur l'île Middle, la population chute en raison de l'augmentation des tempêtes et de la nidification du cormoran, et l'augmentation du développement des terres pourrait aussi avoir réduit les populations de l'espèce sur l'île Pelee.

La désignation, dans la LEP, d'une espèce en tant qu'espèce en voie de disparition assure la protection immédiate des individus et de leurs résidences sur les terres fédérales, et requiert le développement d'un programme de rétablissement et de plans d'action pour l'espèce.

Téloschiste ocellé (Teloschistes chrysophthalmus) [population des Grands Lacs]

Le COSEPAC a évalué le téloschiste ocellé (population des Grands Lacs) en novembre 2016 et a jugé que l'espèce était en voie de disparition.

Au sujet de l'espèce

Le téloschiste ocellé est un champignon lichénique avec une structure de croissance en arbrisseau en forme de corail. Il forme des coussins lâches de couleur variant du jaune-orange vif au gris-vert. La population des Grands Lacs pousse sur les feuillus des forêts matures et requiert un haut taux d'humidité. Au Canada, cette population est limitée à un seul individu poussant sur l'écorce d'un seul chêne rouge dans le parc provincial de Sandbanks.

Avantages

Valeur comme bio-indicateur, valeur d'option.

Consultations

Des consultations ont eu lieu entre janvier et mai 2018 pour cette espèce. Un commentaire appuyant la l'inscription a été reçu d'une province.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de l'inscription à la LEP

La population des Grands Lacs du téloschiste ocellé comptait, en 2009, huit individus au parc provincial de Sandbanks sur le lac Ontario. Cette population consiste maintenant en un seul individu, sur un seul chêne rouge. Les menaces principales pesant sur cette espèce sont la pollution de l'air, les perturbations humaines, les espèces invasives et les évènements météorologiques extrêmes. Un seul évènement naturel ou anthropique pourrait générer la perte de l'entièreté de la population des Grands Lacs du téloschiste ocellé.

La désignation, dans la LEP, d'une espèce en tant qu'espèce en voie de disparition assure la protection immédiate des individus et de leurs résidences sur les terres fédérales, et requiert le développement d'un programme de rétablissement et de plans d'action pour l'espèce. Cette espèce n'est présentement pas retrouvée sur les terres fédérales. Par contre, la désignation proactive de cette espèce assurerait automatiquement sa protection dans l'instance où elle récupérerait et se répandrait sur les terres fédérales.

Téloschiste ocellé (Teloschistes chrysophthalmus) [population boréale et des Prairies]

Le COSEPAC a évalué le téloschiste ocellé (population boréale et des Prairies) en novembre 2016 et a jugé que l'espèce était préoccupante.

Au sujet de l'espèce

Le téloschiste ocellé est un champignon lichénique avec une structure de croissance en arbrisseau en forme de corail. Il forme des coussins lâches de couleur variant du jaune-orange vif au gris-vert. La population boréale et des Prairies pousse dans des forêts claires dominées de conifères ou sur les landes, et est typiquement retrouvée sur les branches de vieilles épinettes blanches et de vieux sapins baumiers ou pins gris. L'espèce requiert aussi un haut taux d'humidité. Environ 99 % de la population connue de ce lichen s'étend sur une zone de 15 km autour de la forêt provinciale de Spruce Woods, au centre-sud du Manitoba. Certaines populations dispersées s'étendent entre le lac Winnipeg au Manitoba, jusqu'au lac Rainy au nord-ouest de l'Ontario.

Avantages

Valeur comme bio-indicateur, valeur d'option.

Consultations

Des consultations ont eu lieu entre janvier et mai 2018 pour cette espèce. Un commentaire appuyant l'inscription a été reçu d'une province, et un commentaire ne l'opposant pas a été reçu d'une Première Nation.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de l'inscription à la LEP

La population boréale et des Prairies de téloschiste ocellé est la plus grande au Canada. Les meilleurs habitats restants se trouvent au sein d'un parc provincial ou d'une forêt provinciale, mais l'espèce se trouve aussi sur quelques terres fédérales en Ontario. L'épinette blanche, l'espèce hôte préférée du téloschiste ocellé, est une espèce pionnière requérant des feux de forêt naturels pour se régénérer. Le changement de fréquence et de l'ampleur des évènements de feux de forêt dû à leur suppression volontaire génère des répercussions négatives sur le recrutement de l'épinette blanche, et par incidence, sur l'habitat propice au lichen. De plus, les épisodes de sécheresse dus au changement climatique et au broutage issu de l'élevage affectent directement le taux de mortalité du téloschiste ocellé.

La désignation de l'espèce en tant qu'espèce préoccupante ne déclencherait pas les interdictions sous la LEP, mais contribuerait à la conservation de l'espèce au Canada par l'obligation de développer un plan de gestion, y compris des mesures préventives, réduisant ainsi le risque que l'espèce ne devienne menacée.

Criquet du lac Huron (Trimerotropis huroniana)

Le COSEPAC a évalué le criquet du lac Huron en novembre 2015 et a jugé que l'espèce était menacée.

Au sujet de l'espèce

Le criquet du lac Huron est gris argenté à brunâtre. Les ailes postérieures, claires ou jaune pâle à la base, ornées d'une bande transversale noire au milieu et claires ou enfumées à l'extrémité, sont exposées lorsque l'insecte prend son envol. Au Canada, il est présent exclusivement dans 11 sites dunaires sur les rives des lacs Huron et Supérieur, et sur les îles Manitoulin et Great Duck, en Ontario. L'espèce est d'une grande importance aux Canadiens, car elle est endémique à la région des Grands Lacs au Canada et uniquement trouvée dans cette région.

Avantages

Recyclage des nutriments, source de nourriture pour d'autres espèces.

Consultations

Des consultations ont eu lieu entre janvier et mai 2017 pour cette espèce. Un seul commentaire a été reçu d'une province montrant son appui quant à l'inscription du criquet du lac Huron en tant qu'espèce menacée.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de l'inscription à la LEP

Anciennement, l'aire de répartition de l'espèce s'étendait davantage dans le sud de l'Ontario, et plusieurs sous-populations semblent être disparues à la suite du développement résidentiel et commercial, ainsi qu'à la suite de l'utilisation récréative intensive (infrastructures et piétinement). Les menaces additionnelles pesant sur l'espèce comprennent les plantes indigènes et envahissantes, et les changements climatiques.

Une inscription à la LEP en tant qu'espèce menacée génère une protection immédiate aux individus et leurs résidences sur les terres fédérales, et requiert le développement d'un programme de rétablissement et de plans d'action.

Scirpe de Long (Scirpus longii)

Le COSEPAC a évalué le scirpe de Long en avril 2017 et a jugé que l'espèce était préoccupante.

Au sujet de l'espèce

Le scirpe de Long est un carex vivace à croissance lente qui forme des colonies circulaires; ses tiges florifères mesurent jusqu'à 1,5 m. Les pousses créent des touffes en anneau, qui peuvent former de vastes colonies. Pour croître, l'espèce a besoin de tourbières dégagées, humides, acides, pauvres en éléments nutritifs et présentant un couvert arbustif ou arboricole limité. Au Canada, le scirpe de Long est présent dans le sud de la Nouvelle-Écosse, dans les milieux humides et parfois en bordure des lacs. La population canadienne représente plus de 46 % de la population mondiale.

Avantages

Source de nourriture pour d'autres espèces.

Consultations

Des consultations sur cette espèce ont eu lieu entre janvier et mai 2018. Aucun commentaire n'a été reçu quant à la désignation proposée d'espèce préoccupante.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de l'inscription à la LEP

La population canadienne de scirpe de Long semble relativement stable. Bien que 13 des 37 sous-populations se trouvent dans des zones protégées, plusieurs menaces généralisées pèsent toujours sur cette espèce. Elle est de plus en plus menacée par les perturbations de l'habitat, qui entraînent la concurrence et l'ombrage par le nerprun bourdaine, une espèce envahissante, et par d'autres arbustes indigènes. Les risques d'hybridation du scirpe de Long avec le scirpe souchet sont ainsi accrus, ce qui nuit à son intégrité génétique.

Un plan de gestion plurispécifique a été publié dans le Registre public des espèces en péril, en septembre 2010, tel que l'exige la LEP dans le cas des espèces préoccupantes; un programme de rétablissement plurispécifique, également publié dans le Registre des espèces en péril, en février 2016, est destiné à servir de plan de gestion pour le scirpe de Long, conformément à l'Endangered Species Act de la Nouvelle-Écosse. Un plan d'action plurispécifique pour le parc national et lieu historique national Kejimkujik a également été publié en février 2017 et vise à améliorer la cartographie des populations de l'espèce partout dans le parc. Bien que l'inscription en tant qu'espèce préoccupante n'entraîne pas l'imposition d'interdictions prévues par la LEP, elle peut contribuer aux efforts de conservation en cours au Canada, en exigeant l'élaboration ou la mise à jour d'un plan de gestion, qui inclurait des mesures visant à empêcher que l'espèce devienne davantage en péril.

Criquet des Îles-de-la-Madeleine (Melanoplus madeleineae)

Le COSEPAC a évalué le criquet des Îles-de-la-Madeleine en novembre 2016 et a jugé que l'espèce était préoccupante.

Au sujet de l'espèce

Le criquet des Îles-de-la-Madeleine est une espèce de grande taille (entre 21 et 29 mm) sans caractéristiques distinctives, présent sur uniquement sept des huit îles principales qui forment cet archipel situé au Québec, au Canada. Le principal trait permettant de l'identifier est son fémur postérieur, dont la surface inférieure est pourpre foncé et la surface externe est uniformément foncée. L'espèce est présente dans des prés maritimes ouverts et dans des milieux pentus abritant des communautés végétales composées de graminées et de carex. Le criquet des Îles-de-la-Madeleine revêt une grande importance historique, puisqu'il constitue un vestige de la période glaciaire du Wisconsinien.

Avantages

Source de nourriture pour d'autres espèces et valeur d'existence.

Consultations

Des consultations sur cette espèce ont eu lieu entre janvier et mai 2018. Trois commentaires, qui ne s'opposaient pas à la désignation proposée, ont été reçus d'un ministère fédéral et de deux Premières Nations.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, deux commentaires montrant leur appui à l'inscription de l'espèce comme espèce préoccupante ont été reçus de la part d'une ONGE et d'une Première Nation. Bien que l'ONGE ait indiqué qu'elle appuyait de manière générale l'inscription, elle a exprimé un certain nombre de préoccupations concernant l'évaluation du COSEPAC.

Justification de l'inscription à la LEP

Les menaces pesant sur le criquet des Îles-de-la-Madeleine sont faibles, mais les activités récréatives, la mortalité routière et la perte d'habitat due à l'érosion côtière prévue pourraient avoir une incidence sur l'espèce ou son habitat. Les prédateurs, les parasites et les agents pathogènes naturels qui régulent les populations de criquets pourraient aussi avoir une incidence négative sur l'espèce.

Bien que l'inscription en tant qu'espèce préoccupante n'entraîne pas l'imposition d'interdictions prévues par la LEP, elle peut contribuer aux efforts de conservation en cours au Canada, en exigeant l'élaboration d'un plan de gestion, qui inclurait des mesures visant à empêcher que l'espèce devienne davantage en péril.

Hespérie du Sonora (Polites sonora)

L'hespérie du Sonora est actuellement inscrite à l'annexe 1 de la LEP comme étant une espèce préoccupante. Le COSEPAC a réévalué l'espèce en novembre 2016 et a jugé qu'elle était non en péril.

Au sujet de l'espèce

L'hespérie du Sonora est une espèce de papillon qui vit dans des clairières herbeuses et humides au sein de paysages forestiers. Les adultes ont une envergure de 25 à 30 mm. Le dessus des ailes du papillon est orange rouille et brun avec des bordures noirâtres. Au Canada, ce papillon occupe une petite aire de répartition située dans la région intérieure sud de la Colombie-Britannique.

Consultations

À la suite des consultations menées en 2018, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'hespérie du Sonora n'a été reçu concernant la radiation l'espèce de l'annexe 1.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de la désinscription de la LEP

Après la désignation initiale de l'hespérie du Sonora à titre d'espèce préoccupante, un plan de gestion a été publié dans le registre public des espèces en péril en décembre 2015. De nouvelles données ont été recueillies sur la répartition de l'espèce, son habitat, ses plantes hôtes, son cycle vital et les menaces pesant sur elle. Ces menaces demeurent faibles, et certaines répercussions possibles, telles que les coupes à blanc, peuvent entraîner la création d'habitats et de corridors permettant la dispersion de l'espèce. L'hespérie du Sonora est maintenant présente dans un plus grand nombre de sites naturels et perturbés, et elle a des préférences beaucoup plus larges en matière de plantes hôtes qu'on ne le croyait auparavant. Rien n'indique que cette espèce soit actuellement en péril au Canada.

La radiation de l'espèce de l'annexe 1 ne constituerait pas une source de préoccupation concernant la conservation de l'espèce.

Chimaphile maculée (Chimaphila maculata)

La chimaphile maculée est actuellement inscrite à l'annexe 1 de la LEP comme étant une espèce en voie de disparition. Le COSEPAC a réévalué l'espèce en avril 2017 et a jugé qu'elle était menacée.

Au sujet de l'espèce

La chimaphile maculée est une petite vivace basse à feuilles persistantes qui est ligneuse à la base et peut atteindre 50 cm. Chaque pousse porte des feuilles vert-bleu lisses comportant une bande centrale blanche. Les tiges individuelles portent une inflorescence formée d'une à cinq fleurs blanches à rosâtres. Le fruit est une capsule arrondie mesurant jusqu'à 1 cm de diamètre. Les graines de l'espèce ont besoin de champignons hôtes pour germer et se développer. Les plantes matures font de la photosynthèse, mais peuvent aussi recevoir un apport nutritionnel supplémentaire provenant de champignons mycorhiziens (champignons qui établissent des relations de mutualisme avec les racines de la plupart des espèces végétales). La chimaphile maculée se rencontre dans les forêts et les boisés mixtes de pins ou de chênes et de pins. Au Canada, l'espèce pousse dans le sud de l'Ontario. L'aire de répartition canadienne de la chimaphile maculée représente probablement 1 % seulement de son aire de répartition mondiale.

Avantages

Valeurs socioéconomiques et culturelles pour les peuples autochtones.

Consultations

Huit commentaires ont été reçus durant la période de consultation de 2018. Cinq commentaires appuyaient l'inscription proposée; ils provenaient de deux provinces, d'une société d'État et d'une Première Nation. Trois commentaires, reçus de deux Premières Nations et d'un ministère fédéral, ne s'opposaient pas à l'inscription proposée.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de la reclassification

La chimaphile maculée a été inscrite comme espèce en voie de disparition au titre de la LEP. Cette loi confère aux individus de l'espèce une protection sur le territoire domanial et contient des dispositions relatives à la protection de l'habitat essentiel qui s'appliquent une fois que celui-ci a été désigné dans un programme de rétablissement ou un plan d'action. Un programme de rétablissement a été publié pour cette espèce en décembre 2012. Bien que les tendances concernant l'abondance de la chimaphile maculée soient difficiles à quantifier en raison du caractère limité des relevés antérieurs, il semble y avoir une augmentation des effectifs de l'espèce.

Le reclassement d'espèce en voie de disparition à espèce menacée reconnaît le fait que l'espèce est encore exposée à des menaces. Ce changement de statut n'aurait pas d'incidence sur les interdictions générales au titre de la LEP qui s'appliquent déjà à l'espèce.

Coccinelle à bandes transverses (Coccinella transversoguttata)

Le COSEPAC a évalué la coccinelle à bandes transverse en novembre 2016 et a jugé que l'espèce était préoccupante.

Au sujet de l'espèce

La coccinelle à bandes transverses est un petit coléoptère au corps arrondi (5,0 à 7,8 mm) qui est indigène de l'Amérique du Nord. Chez les adultes, les élytres sont orange à rouge et présentent un motif constitué d'une bande noire et de quatre taches noires de forme allongée, qui permet de la distinguer des autres espèces. La coccinelle à bandes transverses est généraliste pour ce qui est de l'habitat et joue un rôle important à titre d'agent de lutte biologique contre divers insectes ravageurs. L'aire de répartition canadienne de la coccinelle à bandes transverses s'étend depuis St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador, jusqu'à l'île de Vancouver, à l'ouest. Vers le nord, l'espèce se rencontre jusqu'au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest et probablement jusqu'au Nunavut.

Avantages

Source de nourriture pour d'autres espèces et lutte contre les organismes nuisibles.

Consultations

Au total, 19 commentaires sur l'espèce ont été reçus durant la période de consultation de 2018. Dix commentaires, provenant d'une province, d'une organisation non gouvernementale de l'environnement, d'une organisation autochtone, de quatre Premières Nations et de trois conseils de gestion des ressources fauniques, ont appuyé l'inscription de l'espèce comme espèce préoccupante. Huit commentaires, provenant d'une société d'État, d'un ministère fédéral, du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et de sept Premières Nations, ne se sont pas opposés. De plus, deux conseils de gestion faunique ont utilisé leur pouvoir discrétionnaire pour ne pas prendre de décision concernant l'inscription.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, deux commentaires de Premières Nations montrant leur appui à l'inscription de l'espèce comme espèce préoccupante ont été reçus.

Justification de l'inscription à la LEP

Les causes précises du déclin de la coccinelle à bandes transverses à l'échelle de son aire de répartition sont actuellement inconnues. Au nombre des menaces possibles pour cette espèce figurent les relations interspécifiques négatives (compétition) avec des espèces non indigènes récemment introduites, comme la coccinelle à sept points et la coccinelle asiatique, les changements touchant l'utilisation des terres, la perte d'habitat causée par l'expansion urbaine, la conversion de terres agricoles en forêts et d'autres perturbations liées aux activités humaines.

Une inscription à titre d'espèce préoccupante n'entraînerait pas d'interdictions au titre de la LEP, mais elle contribuerait à la conservation de l'espèce au Canada en rendant obligatoire l'élaboration d'un plan de gestion, qui comporterait des mesures visant à empêcher que l'espèce ne soit davantage en péril.

Ambystoma unisexué (Ambystoma laterale - (2) jeffersonianum) [population dépendante de la salamandre de Jefferson]

Le COSEPAC a évalué l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) en avril 2016 et a jugé qu'elle était en voie de disparition.

Au sujet de l'espèce

L'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) se rencontre à l'intérieur ou à proximité des forêts décidues ou mixtes des hautes terres où se trouvent des étangs de reproduction convenables. Ces étangs sont exempts de poissons prédateurs et sont souvent éphémères. L'espèce occupe des zones restreintes dans des aires peuplées et fortement modifiées de l'Ontario et dépend, pour le recrutement, d'une espèce donneuse de sperme en voie de disparition, la salamandre de Jefferson. Au Canada, l'aire de répartition de l'espèce se limite au sud de l'Ontario.

Avantages

Lutte contre les organismes nuisibles, recyclage des nutriments, source de nourriture pour d'autres espèces, valeur comme bio-indicateur et valeur d'option.

Consultations

Un commentaire portant sur l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) a été reçu durant la période de consultation de 2017. Ce commentaire, provenant d'une province, appuyait l'inscription de l'espèce comme espèce en voie de disparition.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de l'inscription à la LEP

Bien que les effectifs de l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre de Jefferson) soient plus importants que ceux d'autres espèces de salamandres, sa dépendance à l'égard d'une espèce en voie de disparition, la salamandre de Jefferson, pour la reproduction restreint le potentiel de croissance et de viabilité de la population. De plus, de nombreuses menaces liées aux activités humaines entraînent la perte et la fragmentation de l'habitat de l'espèce, ce qui rend son existence précaire.

Une inscription à la LEP en tant qu'espèce en voie de disparition entraîne la protection immédiate des individus de l'espèce et de leurs résidences sur le territoire domanial et rend obligatoire l'élaboration d'un programme de rétablissement et de plans d'action.

Ambystoma unisexué (Ambystoma laterale - texanum) [population dépendante de la salamandre à petite bouche]

Le COSEPAC a évalué l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche) en avril 2016 et a jugé qu'elle était en voie de disparition.

Au sujet de l'espèce

L'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche) est une salamandre grise au corps mince et au museau étroit. Elle se rencontre à l'intérieur ou à proximité des forêts décidues ou mixtes des hautes terres où se trouvent des étangs de reproduction convenables. Ces étangs sont exempts de poissons prédateurs et sont souvent éphémères. L'espèce n'est présente que sur une seule île isolée au Canada (l'île Pelée dans le lac Érié) et dépend, pour le recrutement, d'une espèce donneuse de sperme en voie de disparition, la salamandre à petite bouche. La superficie de l'aire de répartition canadienne de l'espèce est de seulement 40 km2 environ et est restreinte à trois sites de reproduction.

Avantages

Lutte contre les organismes nuisibles, recyclage des nutriments, source de nourriture pour d'autres espèces, valeur comme bio-indicateur et valeur d'option.

Consultations

Un commentaire portant sur l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche) a été reçu durant la période de consultation de 2017. Ce commentaire, provenant d'une province, appuyait l'inscription de l'espèce comme espèce en en voie de disparition.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de l'inscription à la LEP

Bien que les effectifs de l'Ambystoma unisexué (population dépendante de la salamandre à petite bouche) soient plus importants que ceux d'autres espèces de salamandres, sa dépendance à l'égard d'une espèce en voie de disparition, la salamandre à petite bouche, pour la reproduction restreint le potentiel de croissance et de viabilité de la population. De nombreuses menaces pèsent sur l'espèce, ce qui rend son existence précaire. Ces menaces comprennent la prédation et la modification de l'habitat par les dindons sauvages introduits, les activités de drainage qui peuvent causer l'assèchement précoce des étangs de reproduction, la mortalité attribuable à la circulation routière pendant les migrations saisonnières, le développement urbain et les activités récréatives.

Une inscription à la LEP en tant qu'espèce en voie de disparition entraîne la protection immédiate des individus de l'espèce et de leurs résidences sur le territoire domanial et rend obligatoire l'élaboration d'un programme de rétablissement et de plans d'action.

Tortue peinte de l'Ouest (Chrysemys picta bellii) [population de la côte Pacifique]

La tortue peinte de l'Ouest (population de la côte Pacifique) est actuellement inscrite à l'annexe 1 de la LEP comme étant une espèce en voie de disparition. Le COSEPAC a réévalué l'espèce en novembre 2016 et a jugé qu'elle était menacée.

Au sujet de l'espèce

La tortue peinte de l'Ouest est une tortue peinte de taille relativement grande; la partie dorsale de la carapace des adultes peut atteindre une longueur de 25 cm. La tortue peinte de l'Ouest est dans une très large mesure une espèce aquatique, présente dans les eaux peu profondes des étangs, des lacs, des méandres abandonnés et des marais, ainsi que dans les tronçons à faible débit et les bras morts de cours d'eau. Au Canada, la tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique) se rencontre dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique, y compris dans la vallée du bas Fraser.

Avantages

Valeurs socioéconomiques et culturelles pour les peuples autochtones, recyclage des nutriments, source de nourriture pour d'autres espèces et valeur d'option.

Consultations

À la suite des consultations menées en 2018, aucun commentaire portant spécifiquement sur la tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique) n'a été reçu concernant le reclassement.

À la suite de la publication de la proposition de décret dans la Gazette du Canada, Partie I, aucun commentaire portant spécifiquement sur l'espèce n'a été reçu.

Justification de la reclassification

L'aire de répartition de cette population chevauche une zone où la population humaine est dense dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique, et où la perte de milieux humides est considérable. Dans l'ensemble de son aire de répartition, cette population continue de faire face à de multiples menaces résultant de la perte et de l'altération de l'habitat, de la mortalité routière et des espèces introduites. Des relevés récents ont permis de découvrir de nouveaux sites hébergeant l'espèce, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de plans d'eau occupés. Toutefois, la population canadienne est toujours en déclin ou est considérée comme non viable, et sa persistance à long terme demeure précaire.

La tortue peinte de l'Ouest (population de la côte du Pacifique) a été inscrite comme espèce en voie de disparition au titre de la LEP. Cette loi confère aux individus de l'espèce une protection sur le territoire domanial et contient des dispositions relatives à la protection de l'habitat essentiel qui s'appliquent une fois que celui-ci a été désigné dans un programme de rétablissement ou un plan d'action. Le reclassement d'espèce en voie de disparition à espèce menacée reconnaît le fait que l'espèce est encore exposée à des menaces. Ce changement de statut n'aurait pas d'incidence sur les interdictions générales au titre de la LEP qui s'appliquent déjà à l'espèce.